Ce 17 octobre 2025, l’Université Omar Bongo a de nouveau résonné au rythme de la contestation. Réunis en assemblée générale à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, les enseignants-chercheurs membres du SNEC-UOB ont tenu à réaffirmer leur détermination : il n’est pas question de céder face à la lenteur des négociations et aux demi-promesses du gouvernement.
Au centre des discussions, la dette pédagogique 2022-2023, estimée à 715 millions de francs CFA, continue d’alimenter la colère. Si le président de la République, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a consenti à en payer la moitié, les enseignants-chercheurs refusent catégoriquement de s’en contenter. Car le paiement de l’autre moitié doit être payée par l’Université sur la base de ses fonds propres. Pour eux, il ne s’agit pas d’un privilège, mais d’un droit acquis qui doit être respecté. « Ce n’est pas une faveur, c’est un dû ! Trois ans que nous attendons notre argent pendant que d’autres secteurs sont réglés en priorité. Pourquoi toujours sacrifier l’enseignement supérieur ? », a lancé un syndicaliste sous les applaudissements nourris de l’assemblée, étant entendu que tout travail mérite salaire.
Le syndicat dénonce également le manque de considération dont il fait l’objet, estimant que le retard de paiement témoigne d’un mépris à l’égard du corps enseignant. Malgré des conditions de travail jugées indignes : absence d’électricité, absence d’eau, absence d’internet, matériel insuffisant, bâtiments en décrépitude, insécurité permanente, les enseignants continuent à assurer leurs cours par sens du devoir. Pour eux, cette patience ne doit pas être confondue avec la résignation.


Le directoir du SNEC-UOB lors de leur assemblée générale
Face à la reprise du dialogue avec les autorités, le SNEC-UOB a accepté de suspendre provisoirement le mouvement de grève, mais il prévient qu’il ne s’agit en aucun cas d’un renoncement. « Nous suspendons pour permettre à l’État de prouver sa bonne foi, mais nous restons debout et vigilants. Si la totalité n’est pas versée, nous reprendrons plus fort », a prévenu un membre du bureau exécutif.
Concernant la modernisation de la gestion académique, les enseignants ont pris acte de l’annonce présidentielle relative à la mise en place prochaine d’un logiciel de gestion des notes avec le concours de l’ANINF. Cependant, ils exigent des garanties concrètes quant à son application réelle. « Nous en avons assez des effets d’annonce. Que ce logiciel ne soit pas un gadget de communication, mais un outil efficace pour mettre fin au désordre dans la gestion académique », a souligné un enseignant de la FLSH.
Les enseignants ont également tiré la sonnette d’alarme sur les conditions d’accueil des étudiants. L’Université Omar Bongo, conçue pour accueillir 9 000 étudiants, en reçoit aujourd’hui près de 30 000. Une situation intenable qui se traduit par des amphithéâtres surpeuplés, des laboratoires vétustes et une précarité chronique. Pour pallier ce manque d’espace, le syndicat propose un système de roulement : « Si le campus était électrifié et sécurisé, les 9 000 places existantes pourraient être exploitées en trois rotations, offrant ainsi jusqu’à 27 000 places effectives », a proposé Mathurin OVONO ÉBÈ qui a renchéri : « Nous ne demandons pas la lune, seulement les moyens de travailler et former l’élite gabonaise dans la dignité ».
Au terme de cette assemblée, le message du SNEC-UOB, qui reconnaît les efforts consentis par le Chef de l’État, le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, dans la résolution des problèmes de l’UOB, est clair : pas de demi-mesure. Le syndicat exige la liquidation totale de la dette, la modernisation effective de l’université et le respect du corps enseignant. Trois ans d’attente, cela suffit. « L’Université Omar Bongo n’est pas un dépotoir social. Elle est le cœur battant de l’intelligence gabonaise. Qu’on la respecte enfin ! », conclut le communiqué syndical.









