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Le constat est glaçant : 52 débarcadères clandestins fonctionnent impunément dans le Grand Libreville, capitale d’un pays censé bénéficier d’un des meilleurs services de renseignement d’Afrique. Ce n’est pas seulement un scandale, c’est une véritable gifle infligée au peuple gabonais, une insulte à l’intelligence collective. Preuve accablante que le système Bongo n’a pas été renversé, mais simplement repeint aux couleurs de la « transition » militaire désormais qualifiée de Cinquième République.
Brice Clotaire Oligui Nguema, incarnant l’espoir d’une rupture, a hérité d’un pays marqué par des décennies de prédation. La population lui a accordé une confiance exceptionnelle, espérant un sursaut historique. Pourtant, la réalité est cruelle : mêmes visages, mêmes réseaux, mêmes logiques d’impunité. L’armée, promise à restaurer la République, s’est contentée de réarranger les fauteuils, conservant aux postes stratégiques les figures de l’ancien régime. Le ministre en poste était déjà ministre auparavant. Le général de zone reste inchangé depuis l’ère Ali Bongo. On recycle, on maquille, on trahit.

Pendant que ces 52 débarcadères illégaux prospéraient au vu et au su de tous, que fait l’État ? Il envoit bulldozers et gendarmes pour déloger des familles pauvres. Oui, pendant que la fraude fluviale s’installait tranquillement, des familles gabonaises sont expulsées sans relogement ni assistance, alors même que leurs enfants préparaient leurs examens. Un double crime social et une humiliation nationale.
Des enfants révisent leur bac sous des bâches tandis que des mafias déchargent leurs sacs de drogues et autres sous le regard complice de l’administration. Voici le vrai visage de l’État gabonais sous Oligui : dur avec les faibles, complaisant avec les puissants, bavard à la télévision, muet dans les commissariats et face au crime organisé.
Renseignement ou complicité ? La question doit être posée sans détour : le renseignement gabonais est-il réellement incompétent ou complice ? Comment expliquer que des infrastructures portuaires illégales, visibles même par satellite et utilisées quotidiennement, échappent à la vigilance de services supposés ultra-compétents ? Combien d’argent a-t-il fallu pour fermer les yeux ? Qui protège qui ? Pourquoi seuls les petits malfaiteurs croupissent en prison alors que les grands acteurs du pillage se promènent en 4×4, narguant la misère qu’ils ont créée ?
Le peuple, lui, n’est pas dupe : le président Oligui est désormais responsable. Ce qui choque le plus, c’est son silence et sa lenteur à réagir, son refus d’assumer la responsabilité politique de cette faillite. En maintenant à leur poste les responsables de cette fraude, il en devient le garant. Chaque débarcadère clandestin, chaque enfant expulsé, chaque litre d’huile déchargé illégalement porte désormais sa signature.
Ce n’est pas une question d’idéologie, mais de bon sens républicain : gouverner, c’est assumer. Recycler des incompétents, c’est cautionner leurs forfaits.
Le minimum exigé :
- Sanctionner sans délai les hauts responsables administratifs et sécuritaires complices ou négligents.
- Suspendre les expulsions tant qu’un vrai plan de relogement digne est absent.
- Réformer en profondeur les services de renseignement, pour qu’ils luttent enfin contre les réseaux économiques illégaux, au lieu de surveiller les plus faibles.
- Publier un audit complet sur les circuits de corruption liés aux activités portuaires clandestines.
- Instaurer une tolérance zéro effective contre tous les trafics, même ceux couverts depuis les bureaux ministériels.
Oligui doit trancher dans le vif, ou il entrera dans l’histoire comme un Bongo bis. Le peuple ne réclame pas l’impossible, mais la justice, la cohérence et l’exemplarité. Tant que les pauvres souffriront seuls et que les coupables resteront intouchables, la colère populaire ne fera que grandir.
52 débarcadères illégaux, des dizaines de familles jetées à la rue, des centaines de responsables intouchables : voilà le triste bilan d’un pouvoir qui promettait la rupture mais s’enferme dans la compromission.
Cette fois, personne ne pourra prétendre ne pas avoir vu.