Carte de presse :Transition ou répression ? Laurence Ndong mène la presse  gabonaise à l’abattoir devant Oligui

Le communiqué du ministère, publié à la dernière minute avant la date limite de dépôt des candidatures, impose des exigences jugées irréalistes et déconnectées de la réalité professionnelle. Parmi les critères décriés figurent :

  • La présentation d’un extrait de casier judiciaire de moins de trois mois, une exigence presque impossible à satisfaire pour les journalistes vivant dans des zones reculées.
  • L’obligation d’avoir cinq années d’expérience continue dans un média reconnu par l’État, une condition qui exclut de facto une large partie des journalistes indépendants et des jeunes talents.
  • La nécessité de justifier une formation académique dans des instituts de journalisme, un critère en contradiction flagrante avec l’article 40 du Code de la communication, qui définit le journaliste par l’exercice de son activité, et non par ses diplômes.

Ces mesures restrictives semblent davantage destinées à museler la presse qu’à structurer la profession. Dans un pays où la liberté de la presse a déjà souffert sous le régime précédent, cette nouvelle attaque est une trahison des idéaux démocratiques.

Le journalisme ne se résume pas à des diplômes ou à des certifications bureaucratiques. À travers le monde, des figures emblématiques du journalisme ont marqué l’histoire sans passer par une école de journalisme :

  • Albert Londres, père du journalisme d’investigation, n’a jamais suivi de formation académique.
  • Hunter S. Thompson, créateur du journalisme gonzo, s’est imposé par son style unique et sa créativité.
  • Ida B. Wells, militante et journaliste d’investigation, a dénoncé les injustices raciales sans aucun diplôme de journalisme.
  • Au Gabon, des journalistes comme Sébastien Ntoutoume ont marqué l’histoire médiatique sans passer par des bancs d’école spécialisés.

Ces exemples montrent que le talent, la passion et l’expérience sur le terrain priment sur les exigences bureaucratiques que Laurence Ndong cherche à imposer.

De plus, les différents régimes gabonais, lorsqu’ils rédigent un nouveau Code de la communication, proposent systématiquement une nouvelle définition du journaliste. Le Code de la communication de 2016 avait sa propre définition du métier, celui qui lui a succédé en avait une autre, et celui qui pourrait émerger durant cette transition semble également en introduire une nouvelle. Cette constante réinvention est une honte pour le Gabon. Alors que les instances onusiennes offrent une définition universelle du journaliste, au Gabon, on semble s’ingénier à fabriquer des définitions au gré des volontés politiques, dans le seul but de restreindre la liberté de la presse.

Les pères fondateurs du journalisme moderne au Gabon ont mené un combat acharné pour établir des règles simples, adaptées aux réalités du pays, afin de garantir une presse libre et accessible. Ces règles, codifiées dans l’article 40 du Code de la communication, permettent à tout citoyen exerçant régulièrement une activité de collecte, de traitement et de diffusion d’informations de se revendiquer journaliste.

En imposant des critères élitistes et discriminatoires, Laurence Ndong renie cet héritage et trahit les principes fondamentaux de la liberté de la presse. Au lieu de restaurer les institutions, comme promis par le chef de la transition, elle s’emploie à restreindre une profession déjà fragilisée.

La presse est un pilier de la démocratie et un contre-pouvoir essentiel. Dans un contexte de transition, il est impératif de protéger ce socle fondamental. La société civile, les journalistes, et les citoyens gabonais doivent se mobiliser pour dénoncer ces mesures absurdes et rappeler à Laurence Ndong que la liberté d’informer ne peut être sacrifiée sur l’autel de la bureaucratie.

Laurence Ndong doit comprendre que la démocratie ne se décrète pas, elle se construit. Et cela passe par le respect des droits fondamentaux, notamment celui d’exercer le journalisme sans entrave. La presse gabonaise ne doit pas être le champ d’expérimentation d’une bureaucratie déconnectée, mais le reflet d’une société libre, plurielle et éclairée.

 

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