Dans l’histoire de la musique gabonaise, rares sont les artistes qui ont su marquer les esprits avec autant de profondeur qu’Aziz Inanga. Dans les années 1980, cette voix envoûtante puisant dans le folk gabonais a su conquérir les cœurs à travers des titres emblématiques tels que le classique « Africa ». Auteur de l’album légendaire M’ayi (1980), elle a représenté le Gabon sur la scène internationale à de nombreuses reprises, portant haut les couleurs de notre culture.
Pourtant, malgré une carrière exemplaire, celle que beaucoup considèrent comme la véritable « mère de la musique gabonaise » a été reléguée à l’oubli. Une injustice d’autant plus choquante que ce titre honorifique a été arraché par Patience Dabany, qui l’a accaparé de force, effaçant ainsi une partie de notre histoire musicale. Depuis le règne de la dynastie Bongo, Aziz Inanga a vu son héritage musical réduit à néant, éclipsé par les projecteurs braqués sur des artistes moins méritants.
Aujourd’hui, à l’ère de la restauration de l’honneur et de la dignité des Gabonais, comment expliquer que cette légende vivante demeure dans l’anonymat? Alors que certains artistes, qui n’ont que peu contribué à l’enrichissement de notre patrimoine culturel, se retrouvent gratifiés de nominations prestigieuses ou de voitures de luxe, Aziz Inanga reste invisible, délaissée par les autorités.
Le chanteur Elvis Wang s’indigne de cette situation scandaleuse : « Je dis souvent aux collègues dans l’art qu’Aziz Inanga mérite d’être honorée pour l’ensemble de sa carrière. Elle a bercé l’enfance de beaucoup de générations d’artistes et de Gabonais en général avec sa voix mélodieuse. Oui, cette artiste que beaucoup semblent avoir oubliée chantait merveilleusement bien. »
Il est temps de réparer cette injustice. Il est inconcevable que celle qui a tant donné à la musique gabonaise continue d’être ignorée, tandis que d’autres, moins talentueux, continuent de récolter les honneurs. La restauration de la dignité des Gabonais doit aussi passer par la reconnaissance des véritables artistes qui ont marqué notre culture.
Aziz Inanga mérite une place au panthéon de la musique gabonaise. Ne la laissons pas sombrer dans l’oubli.