Il existe des règles immuables dans le journalisme, des principes qui distinguent les professionnels respectables des opportunistes. Parmi elles, l’obligation pour tout journaliste étranger de respecter les sensibilités politiques et sociales du pays qui l’accueille. Pourtant, un journaliste camerounais, Raoul Christophe Bia, semble avoir décidé de piétiner ces fondamentaux avec un mépris inquiétant.
Son parcours est bien connu. Contraint de quitter son Cameroun natal après des démêlés judiciaires liés à des accusations de diffamation et de manquements à l’éthique journalistique, il s’est exilé en Côte d’Ivoire. Là-bas, il n’a pas su s’imposer ni se construire une réputation. Ce n’est qu’au Gabon qu’il a trouvé un refuge, se hissant au rang de « roi du micro » grâce à une protection haut placée qui lui confère une immunité apparente.
Toutefois, il serait sage de se souvenir que ces protections peuvent un jour s’effondrer. L’histoire regorge d’exemples de figures qui, croyant être intouchables, se sont retrouvées exposées lorsque le vent a tourné.
Notre intervention trouve sa source dans son dernier reportage consacré à une conférence de quatre figures éminentes de l’opposition gabonaise : Albert Ondo Ossa, économiste de renom et véritable vainqueur de l’élection présidentielle de 2023 contre Ali Bongo ; Alain-Claude Billie-By-Nze, ancien Premier ministre ; Pierre-Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président ; et Ali Akbar Onanga YObéyo, ancien ministre. Certes, ces quatre personnalités ne jouissent pas d’une immense popularité auprès d’une partie de la population gabonaise, mais cela ne lui donne en aucun cas le droit de les humilier. Un Gabonais ne se permettrait jamais un tel comportement au Cameroun. De surcroît, alors que son propre pays est régulièrement secoué par des scandales politiques et autres, on ne l’a jamais vu commenter publiquement ce qui s’y passe.
Ce comportement témoigne non seulement d’un mépris envers ces grandes figures politiques et intellectuelles, mais aussi d’un manque de respect envers le peuple gabonais. Son style, basé sur des rimes poétiques et des louanges outrancières adressées à ceux qu’il souhaite flatter, trahit les exigences fondamentales du journalisme : objectivité, rigueur et quête de vérité. Faire du journalisme, ce n’est pas se réduire à un poète de cour au service d’intérêts personnels ou de protecteurs puissants.
Si Raoul Christophe Bia est aussi talentueux qu’il le prétend, pourquoi ne travaille-t-il pas dans son propre pays, le Cameroun, terre qui a vu émerger de grandes figures du journalisme ? Pourquoi n’a-t-il pas su marquer les esprits en Côte d’Ivoire, un autre bastion de la presse africaine?
En humiliant les opposants gabonais et en s’autorisant des commentaires méprisants sur un peuple dont il méconnaît l’histoire et les luttes, il prouve qu’il n’a rien appris de ses erreurs passées. Le journalisme exige retenue et respect, et le Gabon, qui l’accueille, mérite bien mieux que des diatribes partiales ou des flatteries intéressées.
Il est temps qu’il se ressaisisse. Si la situation venait à basculer, ni ses protecteurs ni ses vers enjôleurs ne suffiront à le protéger des conséquences de ses actes.