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Dans un contexte de transition où la restauration de la dignité des Gabonais est annoncée comme un pilier fondamental, un scandale éclatant avait terni l’image des institutions publiques : la gestion de la morgue du Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL). La déclaration incendiaire de Serge Ndomba, secrétaire général de l’Union des Personnels de Santé et Assimilés (UPSA), avait mis en lumière un cocktail explosif de pollution environnementale, de pratiques contractuelles douteuses et d’exploitation financière des familles endeuillées.
Selon les révélations accablantes de M. Ndomba, les installations de la morgue du CHUL sont non seulement inadéquates, mais aussi dangereuses. Les déchets issus des activités de thanatopraxie, faute de fosse septique, sont directement rejetés dans les canalisations, pour finir en mer. En d’autres termes, cette institution publique, censée garantir la santé et le bien-être des citoyens, est devenue un foyer de pollution massive, menaçant à la fois l’environnement et la santé publique.
Au cœur de cette tragédie se trouve un entrepreneur expatrié opérant dans des conditions opaques et scandaleuses. Sans agrément ni qualifications vérifiées, cet individu exerce librement ses activités dans des locaux publics, sous le regard complice ou négligent des autorités compétentes. Pire encore, les prestations proposées, bien qu’exorbitantes, sont imposées aux familles, qui n’ont d’autre choix que de s’y soumettre.
Comment est-il possible qu’un tel contrat ait été signé ? Où sont les vérifications de base sur les diplômes, les autorisations et la légalité de ses activités ? Le mutisme des responsables, du directeur général du CHUL au ministre de la Santé, en passant par celui de l’Environnement et même le Premier ministre, est une gifle infligée à chaque Gabonais qui aspire à un changement réel. La souffrance des familles dépasse l’imaginable. Après avoir subi des frais hospitaliers exorbitants pour des soins souvent inefficaces, elles sont contraintes de payer des sommes colossales pour conserver les corps de leurs défunts à la morgue. Comme le souligne M. Ndomba, ces coûts, souvent supérieurs à ceux des pays voisins, ne sont pas justifiés, d’autant plus que l’infrastructure a été financée par les impôts des citoyens.
Ce scandale est une illustration parfaite de l’échec collectif des autorités concernées. Le ministre de la Santé et celui de l’Environnement sont directement pointés du doigt pour leur passivité face à une situation qui menace l’intégrité sanitaire et écologique du pays. Quant au Premier ministre, son silence assourdissant sur cette affaire est une preuve de son indifférence ou, pire, de son implication tacite. M. Ndomba a lancé un appel direct au président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. En tant que garant de la promesse de changement et de restauration de la dignité des Gabonais, il est impératif qu’il prenne des mesures fortes et exemplaires. Ce scandale dépasse la simple gestion administrative : il s’agit d’une crise morale, sanitaire et éthique qui exige une réponse immédiate.
Ci-dessous , le témoignage glaçant de Serge Ndomba, secrétaire général de l’Union des Personnels de Santé et Assimilés (UPSA)
La transition ne peut se permettre d’échouer là où le régime précédent a sombré : dans la corruption, l’immobilisme et l’injustice. Ce drame au CHUL doit marquer le début d’une ère de responsabilité et de transparence. Il est temps de sanctionner les coupables, de revoir les contrats douteux et de mettre en place des installations respectueuses des normes sanitaires et environnementales. Les Gabonais méritent mieux. Ils méritent des institutions qui protègent leur santé, leur environnement et leur dignité, et non des structures qui se transforment en instruments d’exploitation et de pollution. La balle est dans le camp du président de la transition : agira-t-il ou laissera-t-il ce scandale empoisonner davantage la promesse de renouveau ?
L’article que vous venez de lire avait été publié le 12 décembre 2024, et nous avons décidé de le ressortir pour exposer au grand jour l’hypocrisie du CHUL. Ce même CHUL qui n’a pas hésité à jeter un jeune activiste en prison simplement parce qu’il a eu le courage de dénoncer un délestage honteux ayant plongé l’hôpital dans l’obscurité la plus totale. Son crime ? Avoir eu l’audace de dire, dans une vidéo virale, que l’hôpital ne disposait même pas de groupes électrogènes. Et que répond la direction du CHUL ? Ces fameux équipements existent, mais il faut du temps pour qu’ils se mettent en marche. Pendant ce temps, des vies sont en jeu, et les usagers n’ont d’autre choix que de chercher des moyens de poursuivre la SEEG en justice pour ce calvaire. Mais il est plus qu’évident que ceux qui devraient assumer leurs responsabilités, à savoir le CHUL et la SEEG, n’ont aucune notion de rigueur. Quand la rigueur devient un principe, elle doit être exercée sur tous, y compris eux. Nous espérons sincèrement que la situation que nous avons dénoncée en décembre a été réglée. Mais si ce n’est pas le cas, nous n’hésiterons pas à en parler encore plus ouvertement, car ce dossier n’est pas clos. Le CHUL ne pourra pas se cacher éternellement derrière ses fausses promesses.