Affaire Bounda Johan : Quand la déclaration du ministre de la défense insulte l’intelligence des Gabonais

Le décès tragique du second maître Bounda Johan, survenu après sa détention dans les locaux du tristement célèbre B2, est un véritable test pour les autorités de la Transition. Malheureusement, la déclaration du Ministre de la Défense nationale, le général Brigitte Onkanowa, laisse un goût amer. Sous couvert de formules policées et de promesses d’enquêtes, elle ne fait que révéler l’incapacité chronique de nos institutions à agir avec fermeté face à des faits d’une gravité inouïe.

Le ministre nous demande de « faire preuve de retenue » pendant qu’une enquête est ouverte. Mais quelle enquête ? Ces phrases, mille fois entendues, ne convainquent plus personne. L’histoire regorge d’affaires similaires, étouffées certainement dans l’ombre des couloirs du pouvoir. Une famille décimée dans le Haut-Ogooué, des abus passés sous silence… Pourquoi les gabonais devraient-ils croire que cette fois sera différente ?

Bounda Johan n’est pas décédé de causes naturelles. Les stigmates de torture retrouvés sur son corps racontent l’atroce vérité : ce soldat a été brisé par un système censé le protéger. Et le B2, responsable direct de sa détention, reste étrangement silencieux. Le général qui l’a remis entre leurs mains n’a toujours pas été inquiété. Pourquoi le communiqué du ministre évite-t-il soigneusement de désigner des responsables clairs ?

Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est engagé avec fougue et détermination à reconstruire le pays et à redonner aux Gabonais leur dignité. Ses efforts, largement salués, incarnent l’espoir d’un renouveau pour un peuple longtemps opprimé. Cependant, ses premiers ennemis semblent aujourd’hui se trouver dans son propre camp.

Des actes déplorables comme ceux cités dans cette affaire, combinés à l’incompétence manifeste de certains de ses collaborateurs, risquent de ternir son œuvre. La déclaration maladroite et irresponsable de son ministre de la Défense en est un exemple flagrant. Elle alimente l’indignation populaire, créant une confusion qui pourrait pousser le peuple à croire que ces actions maladroites sont l’œuvre directe du Président lui-même.

Le cas Bounda Johan met en lumière une tendance inquiétante : des hauts gradés des forces de sécurité qui se considèrent intouchables. Se revendiquant proches du Président, certains se permettent des abus flagrants, allant de litiges fonciers à des actes d’oppression pure et simple. Cette arrogance ne ternit pas seulement l’image du Président Oligui Nguema ; elle constitue une menace directe pour la stabilité nationale.

La Ministre de la Défense nationale, le général Brigitte Onkanowa

Comment les soldats, censés défendre la nation, peuvent-ils avoir confiance en une hiérarchie qui les torture et les réduit au silence ? Ce meurtre pourrait bien devenir l’étincelle d’une révolte, et pas seulement parmi la population.

La réponse ne peut se limiter à un communiqué creux. Il ne s’agit pas d’ouvrir une énième enquête, mais d’exiger des actions concrètes et immédiates :

  1. Démission des responsables directs : Le chef du B2 et ses complices doivent être démis de leurs fonctions et traduits en justice.
  2. Radiation du général impliqué : Celui qui a livré Bounda Johan au B2 ne peut continuer à porter l’uniforme.
  3. Procureur auto-saisi : Le Ministère de la Justice doit prendre les rènes de cette affaire pour garantir une enquête impartiale et rigoureuse.

Le Président Oligui Nguema, en tant que militaire, comprend mieux que quiconque l’importance de la discipline et du respect des droits humains au sein des forces armées. Pourtant, l’inaction face à cette tragédie envoie un message désastreux : l’impunité règne toujours, même sous la Transition.

Bounda Johan ne doit pas devenir une simple ligne dans l’interminable liste des victimes d’un système gangrené par l’impunité. Justice doit être rendue, et elle doit l’être maintenant. Le Président doit prendre conscience que ce genre de situations est orchestré par des individus qui sapent ses efforts, non par sa volonté.

Le Gabon attend des actes forts, pas des mots vides. Si cette affaire est étouffée comme tant d’autres, le régime de Transition perdra toute légitimité aux yeux du peuple, et peut-être même de ses propres forces armées. L’histoire retiendra que le Président Oligui Nguema aura été un chef d’État audacieux et déterminé, mais que son œuvre a été compromise par la trahison et l’incompétence de certains proches.

Par Rhonny Starr Biyong

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