La récente distribution de véhicules de luxe à certains artistes gabonais tels qu’André Pepe Nze, Martin Rompavet, Hilarion Nguema, et maintenant Norbert Epandja, soulève une vive indignation au sein de la communauté artistique. Le choix du Président Brice Clotaire Oligui Nguema d’offrir des voitures haut de gamme à une poignée d’artistes, dans une opacité totale, suscite de sérieuses questions sur les critères de sélection. Loin de renforcer ses liens avec le monde artistique, cette décision crée plutôt des divisions et attise la frustration.
Pourquoi seulement une poignée d’artistes bénéficie-t-elle de ces véhicules de luxe ? Et pourquoi prioriser des voitures, plutôt que de répondre aux besoins urgents du secteur culturel ? L’École Nationale des Arts et Manufactures (ENAM), par exemple, souffre d’un manque criant de ressources, sans matériel didactique ni infrastructures adaptées. Le prix d’une seule de ces voitures pourrait financer l’aménagement d’un mini-campus pour les étudiants en fin de cycle, ou encore la construction de maisons de la culture dans des quartiers et provinces qui en manquent cruellement.
Ci-dessous , Norbert Epandja devant son bolide et plus bas , Ndong Mboula en train de frimer avec son nouveau pickup
Pendant ce temps, le Bureau Gabonais du Droit d’Auteur (BUGADA) peine à obtenir les financements nécessaires pour assurer une répartition équitable des droits d’auteur. Pourtant, les fonds sollicités par cette institution sont bien inférieurs au coût de quatre véhicules offerts à des artistes qui ne sont pas, de surcroît, les plus méritants.
Le choix des bénéficiaires soulève également des questions. Norbert Epandja, qui en cinquante ans de carrière n’a produit qu’un seul album, financé par feu le président Bongo Ondimba, se voit gratifié d’un véhicule, alors qu’il est déjà confortablement installé comme conseiller dans le cabinet du Président Oligui. Son salaire ne lui permettait-il pas de s’acheter une voiture ? Quant à Ndong Mboula, qui a déjà reçu un véhicule du Président équato-guinéen et récemment une villa entièrement équipée, don de l’ex-Président Ali Bongo, le voilà encore gratifié. Une injustice criante alors que des artistes comme Aziz Inanga, la première chanteuse gabonaise à avoir porté haut le nom du Gabon à l’international, continuent d’être ignorés.
Même si ces dons proviennent des fonds personnels du Président, l’image véhiculée est désastreuse. Cela sent le favoritisme et l’exclusion, et cela ne fait que ternir l’image du Chef de l’État, tout en aliénant une partie significative de la communauté artistique. En privilégiant quelques artistes et en négligeant les besoins urgents des infrastructures culturelles, le Président Oligui risque de saper sa propre mission de restaurer l’honneur et la dignité des Gabonais.
Le Président a-t-il été mal conseillé ? Ou bien n’écoute-t-il pas les avis de ses collaborateurs ? Quoi qu’il en soit, cette approche lui coûtera un jour ou l’autre.