Le Journal Super Star a eu l’honneur d’accueillir dans ses locaux l’activiste Bob Mengome, également connu sous les pseudonymes de Candidat à la Mort, Matricule 212, et Loup Solitaire. Il a aimablement accepté de commenter l’actualité brûlante du moment : la mise à l’écart des fonctions des deux frères du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Bonjour, Bob Mengome. Les deux frères du chef de l’État viennent d’être écartés suite à des faits non déclarés. Quelle est votre opinion sur cette actualité rocambolesque ?
Bonjour, messieurs les journalistes. Je tiens d’abord à vous remercier pour l’honneur et l’opportunité que vous me donnez de partager mon modeste avis sur cette actualité brûlante. Pour répondre à votre question, je dirais simplement qu’il est trop tôt pour se prononcer sur l’affaire concernant les deux frères du « Prince » (surnom donné au président Oligui Nguema par l’activiste) : le colonel Bibang Bi Nguema, relevé de ses fonctions, et son frère Aurélien Mintsa, directeur général du budget, actuellement suspendu. Attendons les résolutions du prochain conseil des ministres pour voir ce qu’il adviendra de ces deux individus.
Selon vous, était-il prévisible que cela se produise ?
Oui, effectivement, ce qui est arrivé était parfaitement prévisible au vu des comportements des deux frères. Le colonel Bibang est impliqué dans plusieurs affaires douteuses, tandis que son frère Aurélien Mintsa, DG du budget, est réputé pour ses dépenses excessives et son manque de respect pour ses supérieurs hiérarchiques, des faits décriés par tous. La situation était explosive !
Que pensez-vous de la réaction particulièrement sévère du chef de l’État ?
À mon avis, le « Prince » et ses frères d’armes sont là pour conduire une transition. Il ne détient pas le pouvoir seul, mais avec l’ensemble de ses frères d’armes. Il possède la légalité, mais non la légitimité de son pouvoir. Avec autant de bruit autour des écarts de ses frères, il était tout à fait normal qu’il prenne une décision pour montrer au peuple gabonais et à ses frères d’armes qu’il est au-dessus des considérations familiales et qu’il a le devoir de rendre justice dans des affaires aussi graves.
Y a-t-il d’autres raisons qui auraient poussé le chef de l’État à censurer ses deux frères ?
La raison lointaine est certainement liée à la persistance des deux frères dans leurs comportements répréhensibles. Autant que je sache, un conclave familial dirigé par leur oncle, monsieur Aba Owono, avait été tenu pour apaiser les ardeurs des deux frères. Malgré cette rencontre familiale et les nombreux conseils reçus, ils n’ont pas voulu changer.
Il y a quelques jours, vous avez sévèrement critiqué le peuple Fang, les qualifiant d’opportunistes et d’hypocrites. Vous avez même affirmé qu’Aurélien Mintsa serait abandonné par ses partisans en cas de problème. Aujourd’hui, vos paroles se révèlent justes, car personne ne soutient actuellement Aurélien Mintsa malgré les nombreuses associations qu’il a créées. Que diriez-vous maintenant à ceux qui vous ont attaqué alors que les événements vous ont donné raison ?
Effectivement, j’avais interpellé le peuple Fang concernant le comportement des deux frères, en particulier celui d’Aurélien Mintsa. Ce dernier avait perdu le respect pour ses aînés, le pouvoir et l’argent lui étant montés à la tête. L’histoire récente nous rattrape toujours, comme ce fut le cas pour Brice Laccruche Alihanga et son mouvement AJEV, ou Ali Bongo, abandonné par ses sympathisants une fois déchu. Ces exemples et une observation attentive du comportement sociologique des Gabonais envers leurs leaders m’ont amené à tirer la sonnette d’alarme concernant Aurélien, mais ni lui ni ses anciens fidèles ne m’ont compris. Aujourd’hui, ils doivent assumer leurs choix.
De nombreux Fang ne sont pas d’accord avec la décision d’Oligui à Oyem. Pensez-vous que cela pourrait fragiliser son électorat à Oyem s’il se présentait comme candidat en 2025 ?
Je trouve que les Fang, mon peuple, manquent de cohérence. Ils parlent de « Obangame », c’est-à-dire la fidélité absolue. Honnêtement, je ne sais pas ce qu’ils entendent par ce concept. L’ »Obangame » devrait aussi inclure la sanction lorsque l’un des leurs commet un impair. Les causes exactes et officielles de leurs sanctions ne sont pas connues, et le cas d’Aurélien suit son cours d’enquête. Les Fang devraient se battre pour offrir la légitimité au poste de chef de l’État occupé par Oligui, tout en ayant un comportement exemplaire pour préserver son image. Justifier les fautes de leurs fils en s’appuyant sur le fait que d’autres ont fait de même sans être punis, c’est cautionner la gabegie. Nous sommes en période de transition, et ce type de comportement doit être banni. Les Fang sont dans un faux débat. Je ne pense pas que ces petites humeurs fragiliseront l’électorat du « Prince » à la prochaine élection présidentielle, car ceux qui le critiquent représentent une minorité insignifiante.
Est-ce qu’un renversement de situation, avec la réhabilitation des deux frères, est encore possible ?
Le « Prince » ne peut pas revenir sur ses décisions. Il a pris des mesures exceptionnelles en sanctionnant ses deux frères. Le Bureau du Directeur Général du Budget est placé sous scellés et surveillé par l’armée. Ainsi, il serait incohérent de revenir sur ces décisions, d’autant plus qu’il s’agit de détournements graves. Réhabiliter son jeune frère, Directeur Général du Budget, sous-entendrait que ce dernier est innocent. Je ne pense donc pas qu’il y aura une réhabilitation pour le Directeur Général du Budget. Il est plus probable que le poste soit confié à un autre Fang pour apaiser les tensions parmi les membres de cette ethnie, car le « Prince » ne peut se permettre de se mettre à dos ses parents Fang, sur lesquels il doit compter. Quant à son frère colonel, il sera probablement réaffecté ailleurs, car les reproches qui lui sont faits ne sont pas connus.
Quel est votre dernier mot suite à cette situation ?
En conclusion, je souhaite recontextualiser l’histoire qui a conduit Aurélien et son frère à cette situation. Aurélien est connu pour sa fragilité face à l’argent. Lorsqu’il voyageait en jet privé et menait ses affaires douteuses, le « Prince » le savait et aurait pu le sanctionner à ce moment-là. Ce qui se passe aujourd’hui ne doit pas détourner le débat. Le « Prince » lui a laissé suffisamment de temps pour se ressaisir, alors que durant ce temps, leurs parents Fang se contentaient du gibier frauduleusement rapporté. Les Fang devraient faire profil bas et trouver des moyens pour effacer la tâche que cette affaire a laissée sur leur image.
En somme, Bob Mengome souligne l’importance d’une gestion rigoureuse et impartiale du pouvoir, surtout en période de transition. Il insiste sur la nécessité pour les responsables politiques de se montrer exemplaires et de ne pas laisser leurs actions être entachées par des comportements répréhensibles. Selon lui, les sanctions prises à l’encontre des frères du président démontrent une volonté de justice et de transparence, essentielles pour gagner la confiance du peuple gabonais. Les critiques internes, bien que bruyantes, semblent représenter une minorité insignifiante qui ne devrait pas fragiliser la position du « Prince » à l’approche des élections présidentielles de 2025. Mengome appelle ainsi les Fang à adopter un comportement exemplaire et patriotique, en soutenant les efforts de réforme et en contribuant à l’image positive du Gabon sur la scène nationale et internationale.