La presse gabonaise, en ce jour de désillusion, se retrouve face à une trahison d’une gravité sans précédent. Lors de la réception des bons de caisse au ministère de la Réforme Institutionnelle, les journalistes, qui avaient couvert le Dialogue National Inclusif avec un patriotisme et un dévouement exemplaire, ont découvert avec stupeur et indignation qu’ils étaient traités comme des citoyens de seconde zone. Alors que les ménagères, ouvriers et volontaires se voyaient gratifiés de 700.000 frs chacun, les journalistes, eux, recevaient une somme misérable et honteuse de 500.000 frs après un mois d’attente interminable.
Cette décision est une insulte flagrante à la presse gabonaise. Une humiliation absolue infligée à des professionnels qui ont été publiquement félicités pour leur professionnalisme et leur dévouement par le chef de l’État, la ministre de la Communication, la ministre de la Réforme Institutionnelle et la Haute Autorité de la Communication. Alors, qui cherche à monter la presse contre le président Oligui Nguema ? Cette offense, éhontée et délibérée, ne restera pas sans conséquence au sein de la profession.
Ce scandale trouve ses racines dans les vieilles habitudes du régime déchu d’Ali Bongo, des pratiques corrompues qui semblent persister malgré les discours de restauration des institutions et de l’honneur des Gabonais. Les responsables de la gestion des fonds publics continuent d’utiliser des stratagèmes pour s’enrichir personnellement. Une liste initiale d’environ 200 journalistes avait été établie pour recevoir des accréditations. Mais, à cause de nombreuses listes additives ajoutées ultérieurement, souvent pour faire profiter des proches des gestionnaires de ce dossier, ce nombre a explosé pour atteindre plus de 300 journalistes.
Un scandale total ! Des individus sans aucun lien avec le monde de la presse, des agents des cellules de communication de certains ministères et autres institutions administratives, comme celle de la prison centrale, se sont retrouvés sur cette liste de bénéficiaires. Un partage du gâteau honteux et injustifiable. Pourquoi faire participer des cellules de communication de ministères à la couverture d’un événement national alors que les médias d’État, privés et étrangers avaient déjà été retenus pour cette mission ?
Cette situation est non seulement scandaleuse mais également dangereuse pour le président de la transition. En cette période cruciale de restauration de l’honneur des Gabonais, voir des comportements hérités de l’ère Bongo persister est une grave atteinte à sa crédibilité. Le président, déjà en perte de confiance auprès de la presse en raison de promesses non tenues, se retrouve au bord d’une crise majeure. La presse, décidée cette fois à ne plus se laisser manipuler et jeter comme un torchon, planifie des actions de protestation.
Le président doit agir rapidement pour désamorcer cette bombe à retardement. Si rien n’est fait, un conflit majeur entre lui et la presse est inévitable. Les réunions pour organiser la riposte sont déjà en cours. Autant dire que le fossé entre le président et sa presse est en train de se creuser dangereusement, menaçant de plonger le pays dans une nouvelle crise.