Libreville, capitale du Gabon, est le théâtre d’une nouvelle offensive contre l’insalubrité, orchestrée par le Délégué Spécial. Malheureusement, cette initiative ne semble pas échapper au triste constat de ses prédécesseurs : la tentation de « mettre la charrue avant les bœufs ».
Malgré les beaux discours et les promesses de transformation, des ombres planent sur la réalisation concrète de cette opération. Lancée un mois après une campagne de sensibilisation, l’initiative semble impulsée par une volonté louable de redonner à Libreville son éclat d’antan. Cependant, la question persiste : le nouveau Délégué Spécial ne reproduit-il pas les mêmes erreurs que ceux qui l’ont précédé ?
Le coup d’envoi de cette opération, symbolisé par le nettoyage du 3ème arrondissement, sonne comme une fanfare d’optimisme. Mais derrière les festivités, des réalités cruciales semblent être ignorées. La gestion des épaves et vieux véhicules, par exemple, pose un problème persistant. Ramassés aux abords des trottoirs, ces déchets risquent de revenir hanter les rues, à moins qu’une stratégie de recyclage à long terme ne soit mise en place. Ignorer cette étape équivaudrait à négliger l’avenir proche de la propreté urbaine.
Images du lancement de l’opération dans le 3éme arrondissement de Libreville .
Pire encore, l’opération semble faire fi de la réalité socio-économique des habitants. Les vendeurs de rue, souvent des femmes et des jeunes diplômés au chômage, sont relégués dans l’ombre. Ces travailleurs précaires ont trouvé dans la vente informelle une solution pour subvenir à leurs besoins. Ignorer leur existence et leurs difficultés reviendrait à ignorer une partie significative de la population.
La question fondamentale demeure : est-ce que le Délégué Spécial, porté par des ambitions nobles, prend réellement en compte les leçons du passé ? Mettre en œuvre une opération d’une telle envergure sans une stratégie intégrée, prenant en compte les aspects socio-économiques, risque de mener à l’échec. Le danger est palpable : une nouvelle charrue pourrait être en marche, labourant les rues de Libreville sans réelle vision à long terme.
Si l’on souhaite éviter les erreurs du passé, il est impératif que cette opération ne soit pas qu’une façade de propreté temporaire, mais plutôt une démarche profonde et durable. Les autorités doivent prendre conscience des réalités sociales et économiques, impliquer activement la population, et élaborer des solutions réalistes pour une Libreville propre et conviviale. Faute de cela, l’ombre de la charrue avant les bœufs continuera de planer sur la capitale gabonaise.a