Imaginons un instant qu’un pays africain se trouve dans la même situation que la France aujourd’hui, où une procédure de destitution contre le président de la République, Emmanuel Macron, a été validée par l’Assemblée nationale. Un événement qualifié d’ »inédit » en France, mais que penserait-on si un tel scénario se déroulait en Afrique ?
Lorsque des crises politiques éclatent en Afrique, les médias internationaux et certains commentateurs ne tardent pas à qualifier ces pays de « démocraties fragiles », de « nations instables », voire de « républiques bananières ». Ils soulignent souvent le manque de maturité politique et des institutions jugées défaillantes. Mais que dire lorsque des événements similaires se produisent dans des pays comme la France, perçue comme un modèle de démocratie ?
En France, La France insoumise (LFI), par la voix de son coordinateur Manuel Bompard, espère que la motion visant à destituer Emmanuel Macron sera votée, malgré l’opposition d’autres partis comme les socialistes. Cette procédure, bien qu’elle respecte le cadre légal, aurait probablement été vue sous un autre angle si elle s’était déroulée en Afrique. Les critiques envers la gouvernance, les accusations de dépassement des devoirs présidentiels et l’appel à la mobilisation populaire via des pétitions auraient certainement été interprétés comme des signes d’une crise politique majeure, avec des articles pointant une nation en proie au chaos.
Dans le cadre de la Ve République française, cette procédure est effectivement sans précédent. Si les deux-tiers des parlementaires votent en faveur de la destitution, cela pourrait aboutir. Cependant, si un tel scénario se produisait en Afrique, il est probable que les observateurs étrangers le jugeraient différemment, y voyant une menace pour la stabilité démocratique.
Ce double standard révèle une réalité : lorsqu’un pays africain traverse une crise politique, il est souvent perçu avec condescendance. On oublie que même les grandes démocraties occidentales, comme la France, peuvent être confrontées à des tensions politiques similaires.
Les crises politiques ne sont pas l’apanage des nations africaines. Partout dans le monde, les gouvernements et les institutions font face à des défis, et cela ne traduit pas nécessairement une fragilité démocratique. Il est temps de cesser de considérer l’Afrique comme un continent en permanence en crise, alors que des pays dits « grands » traversent eux aussi des périodes de turbulence politique.
Cette procédure de destitution en France démontre que même les démocraties les plus établies peuvent être mises à l’épreuve. Si une telle situation se produisait en Afrique, il serait sage de se rappeler que les crises politiques ne sont pas limitées à un continent ou à un type de gouvernement. Elles sont inhérentes à la politique mondiale, et les jugements portés sur l’Afrique devraient être bien plus nuancés.