Un an de réformes au Gabon : entre espoirs et déceptions

Un an après la prise de pouvoir par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), il est temps de jeter un regard modeste sur les actions entreprises. Bien que l’économie ait été un point central, d’autres dimensions essentielles comme le social, le politique, et la vie quotidienne des Gabonais ont également été influencées par cette période de transition.

Un an après la prise de pouvoir par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), il est temps de jeter un regard modeste sur les actions entreprises. Bien que l’économie ait été un point central, d’autres dimensions essentielles comme le social, le politique, et la vie quotidienne des Gabonais ont également été influencées par cette période de transition.

Dès les premiers mois, le CTRI a instauré plusieurs mesures pour répondre aux urgences économiques, telles que le paiement des arriérés de pension et l’encadrement des prix des produits de base. Ces initiatives visaient à alléger le fardeau de la vie chère pour les Gabonais, mais elles se sont rapidement heurtées à une réalité budgétaire complexe. Les marchés régionaux saturés et la réticence des investisseurs internationaux ont limité les possibilités de lever les fonds nécessaires pour soutenir ces ambitions.


Les recommandations du dialogue national inclusif notamment la nouvelle constitution sont toujours attendues pendant que la campagne pour le « oui » bat son plein .

Sur le plan social, le chômage demeure l’un des principaux fléaux, avec près de 40 % de la population sans emploi. Le CTRI a tenté d’apporter une solution en créant des postes dans la fonction publique, notamment dans l’armée, la santé, et l’éducation. Cependant, ces emplois ne peuvent à eux seuls absorber la masse des chômeurs. Pour répondre à ce défi, le gouvernement a commencé à encourager l’entrepreneuriat, surtout parmi les jeunes, avec des mesures qui visent une réduction significative du taux de chômage à moyen terme.

La transition a aussi été marquée par une tentative de réappropriation des richesses nationales. En prenant des participations dans de grandes entreprises, le gouvernement cherche à corriger la mauvaise gestion et la privatisation excessive qui ont caractérisé les régimes précédents. Cette stratégie vise à redistribuer les richesses et à renforcer la souveraineté économique du pays, tout en redonnant confiance aux investisseurs, bien que le contexte budgétaire reste contraignant.

Sur le plan politique, la mission du CTRI de restaurer les institutions et d’instaurer un nouvel ordre de gouvernance semble encore inachevée. Malgré les promesses de changements profonds, de nombreux Gabonais se plaignent que le vol, la gabegie, et l’injustice perdurent, parfois de manière encore plus flagrante qu’avant le coup d’État. Un exemple récent de cette continuité dans les abus est le scandale des fraudes sur l’achat des crédits d’électricité des clients de la SEEG, qui a profondément choqué la population. Les anciens responsables de détournements sous le régime Bongo demeurent libres, narguant ainsi une population en quête de justice.

Les problèmes fonciers continuent également de perdurer. Les individus sans soutien ni grandes relations dans les sphères du pouvoir continuent d’être expropriés par des personnes puissantes, sans que justice leur soit rendue. Ces crimes impunis laissent les victimes désemparées face à un système judiciaire corrompu, où les éléments véreux manipulent les décisions, assurant que celle-ci reste l’apanage des puissants.

De plus, les exactions des forces de l’ordre contre des citoyens ordinaires ont augmenté de manière alarmante. Des actions brutales, parfois mortelles, commises par les forces de l’ordre sur des citoyens, n’ont jamais été sanctionnées. En un an, on remarque un nombre inquiétant de violations des droits humains par les militaires, ce qui érode la confiance du peuple envers l’armée jour après jour.


Dans la nuit du 12 au 13 octobre la descente de cinq militaires dans un maquis au quartier Belle-Vue I avait fait plusieurs victimes civiles et avait occasionné la mort de Karles Stecy Akué Angoué.

Plusieurs scandales ont éclaté dans les tribunaux gabonais, révélant l’implication de hauts magistrats dans des affaires douteuses. Dans un tel contexte, il est difficile pour le peuple de faire confiance à ses dirigeants, car une justice équitable et indépendante est le fondement indispensable de toute société.

Au-delà de l’économie et de la politique, la transition a également eu un impact direct sur le quotidien des Gabonais. La mise en œuvre de grands travaux à travers le pays, incluant la construction et la rénovation d’infrastructures, commence à transformer le visage de nombreuses provinces. Ces projets visent non seulement à moderniser le pays, mais aussi à améliorer les conditions de vie des citoyens en facilitant l’accès aux services de base comme la santé et l’éducation.

La mise en œuvre de grands travaux , incluant la construction et la rénovation d’infrastructures est visible dans tout le pays

On peut donc dire modestement qu’après un an de transition, le bilan du CTRI montre des avancées notables, mais aussi de nombreux défis à relever. Sur le plan économique, des efforts considérables ont été déployés pour stabiliser la situation, malgré des contraintes budgétaires sévères. Le volet social a été abordé avec des mesures pour lutter contre le chômage et redistribuer les richesses, bien que beaucoup reste à faire. Cependant, la question de la justice et de l’équité demeure le point faible de cette transition. Tant que le système judiciaire restera sous l’emprise des puissants et que les abus continueront sans être sanctionnés, il sera difficile de restaurer la confiance du peuple gabonais. Le succès de cette transition dépendra non seulement de la poursuite des réformes économiques et sociales, mais surtout de la capacité du CTRI à instaurer une véritable justice, équitable et indépendante, qui sera le socle d’une reconstruction durable.

Ce bilan, bien que modeste, ne prétend pas être une analyse d’experts, mais plutôt une réflexion sur l’état actuel du Gabon. Enfin, il est important de noter que l’aspect économique de cet article a été renforcé par des données tirées d’un article de RFI intitulé « Un an de transition au Gabon : une économie en quête de confiance et de croissance », publié le 30 août 2024.

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