Un vent glacial souffle sur le palais du Bord de Mer. Ce n’est plus une rumeur, ni une invention des “influenceurs en mal de buzz” : le lieutenant-colonel Ankama, chef de la sécurité présidentielle et neveu du Président Brice Clotaire Oligui Nguema, vient d’être débarqué de ses fonctions pour une affaire d’enlèvement et de demande de rançon. Oui, vous avez bien lu : enlèvement et rançon, au cœur même du dispositif censé protéger le chef de l’État !
Une nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe dans l’opinion publique, tant l’affaire semble invraisemblable. Comment un homme si proche du Président, bénéficiant de tous les privilèges qu’offre cette proximité, peut-il sombrer dans de telles dérives ? Voilà un proche du pouvoir qui, au lieu de défendre la République, s’est amusé à la transformer en terrain de chasse personnelle. Un comportement indigne, qui n’est pas seulement une honte familiale, mais un danger institutionnel.
Mais le cas Ankama n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Car dans les profondeurs de l’appareil sécuritaire, d’autres silhouettes intriguent et inquiètent. Le patron actuel des services spéciaux, par exemple, un homme que l’on dit redouté, mais dont le silence ne cache plus les rumeurs. À en croire les murmures des couloirs, cette structure censée protéger la nation s’est muée en un véritable laboratoire du vice : trafic de drogue, détournement de véhicules, enlèvements, extorsions… rien n’échappe à cette réputation sulfureuse.
L’image du Palais présidentiel, jadis symbole d’ordre et de rigueur militaire, prend désormais des allures de feuilleton mafieux. Et pendant que le peuple rit jaune, les activistes se déchaînent : “Après Ankama, à qui le tour ?”
Le Président Oligui, lui, a eu la bonne réaction en écartant son neveu, une décision saluée par la majorité des Gabonais. Mais le véritable défi commence maintenant. Car s’il est vrai que le chef de l’État a coupé une branche pourrie, il semble que l’arbre, lui, reste infesté. Les termites sont bien installées dans les racines du système sécuritaire, et elles travailleraient avec une efficacité redoutable.
Souvenons-nous : à l’époque où Frédéric Bongo dirigeait les services spéciaux, ou plus récemment quand Oligui lui-même en tenait les rênes, cette structure ne faisait pas la une des journaux. Elle inspirait la crainte, certes, mais aussi le respect. Aujourd’hui, cette même institution semble être devenue un repaire d’hommes aux ambitions troubles, confondant loyauté et prédation.
Mais le plus grave, Monsieur le Président, c’est que ce chaos ne vient plus des ennemis extérieurs : il vient de l’intérieur, de votre propre maison. Ces hommes que vous avez promus, protégés, semblent se transforment lentement en prédateurs tapis dans l’ombre, prêts à tout pour conserver leurs privilèges. Ils ne vous obéissent plus, ils vous observent. Ils ne vous défendent plus, ils se servent de votre nom comme d’un bouclier pour piller, intimider et régner.
Vous êtes cerné, Excellence. Cerné par des visages familiers, des sourires en uniforme, des loyautés feintes. Ceux qui vous saluent le matin pourraient bien être ceux qui saboteront votre autorité demain. La trahison ne viendra pas de la rue, elle se prépare dans les couloirs mêmes du pouvoir. Et si vous n’y prenez garde, le Palais du Bord de Mer risque de devenir le théâtre d’une implosion silencieuse.
Le peuple gabonais vous observe, et il commence à douter. Car comment croire encore en la discipline militaire lorsque les plus proches du chef s’adonnent à des pratiques de gangsters ? Comment parler de restauration morale quand les gardiens de la République se comportent comme des bandits en treillis ?
Monsieur le Président, le temps n’est plus à la clémence ni à la loyauté familiale. Il est à la purge. Vous avez chassé Ankama, mais d’autres attendent, tapis dans les zones grises du pouvoir. Nettoyez, sans pitié, avant que l’histoire ne vous nettoie à leur place. Car dans cette République où tout se sait, une présidence trahie de l’intérieur ne se relève jamais.
Oui, Monsieur le Président, le danger n’est plus dehors : il dort désormais dans vos propres rangs. Et s’il n’est pas neutralisé à temps, il se réveillera un matin pour vous avaler.











