La pénurie de pièces de monnaie au Gabon prend une dimension inattendue, liée à des pratiques rituelles intenses qui voient des centaines de pièces jetées au pied d’arbres sacrés ou à proximité de sacrifices animaux. Cette tendance, enracinée dans la culture gabonaise, a des répercussions sur le commerce local, mais reste un sujet délicat peu abordé par les autorités.
Le phénomène, qui a émergé avec l’arrivée de populations étrangères, notamment d’Afrique de l’Ouest, s’est répandu dans la capitale gabonaise, Libreville. Ces rites, qui exigent non pas des billets de banque, mais des pièces de monnaie, sont souvent pratiqués intensément avant les élections, la fin de l’année, la Saint-Valentin, ou dans des situations où des individus, accros au culte fétichiste, cherchent l’intervention d’esprits supérieurs dans leur vie.
Pour obtenir des faveurs telles que l’épousailles d’un blanc ou l’obtention d’un emploi, d’une promotion, ou la victoire dans un concours ou une élection, de nombreux Gabonais ont recours à ces pratiques. Cela se manifeste lors de cérémonies où des centaines de pièces de monnaie sont jetées nuitamment au pied d’arbres isolés en pleine brousse, ou à côté d’animaux sacrifiés.
Des centaines de pièces de monnaie jetées au pied d’un arbre à des fins fétichistes
Cependant, le problème majeur résulte du fait que ces pièces, une fois utilisées dans ces rituels, deviennent taboues et intouchables sous peine de malédiction. Même le plus démuni des Gabonais ne s’aventurerait pas à les ramasser de peur des conséquences surnaturelles. Au fil du temps, ces pièces disparaissent sous les feuilles d’arbres vieillissantes, se mêlant à la terre.
Un autre aspect du problème réside dans la gestion des déchets. Lorsque les éboueurs passent par des endroits ayant fait l’objet de tels rituels, ils balayent les objets rituels, y compris les pièces, et les destinent à la poubelle. Cela entraîne un gaspillage considérable de monnaie métallique, exacerbant la pénurie existante.
Curieusement, bien que cette pratique ait des répercussions évidentes sur le commerce local, les autorités gabonaises semblent hésiter à trouver une solution. Des rumeurs circulent selon lesquelles de nombreux décideurs gabonais eux-mêmes ont recours à ces rituels, expliquant peut-être l’inaction des autorités.
Avec l’avènement du comité pour la transition et la restauration des institutions, il est à espérer que des mesures fortes seront mises en place pour mettre fin à cette pratique délétère. La question reste de savoir si l’État sera prêt à s’attaquer à un problème aussi profondément enraciné dans la culture, mais dont les conséquences sur l’économie et le commerce ne peuvent être ignorées indéfiniment.
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