SETRAG: le laxisme d’une entreprise qui joue avec la vie des gabonais

Le lundi 16 septembre 2024, la SETRAG a une nouvelle fois adressé à ses usagers un communiqué de presse tristement familier. Un énième déraillement de train de marchandises, cette fois du convoi N°4460, survenu entre Otoumbi et Alembe, point kilométrique 218+700. Si, cette fois encore, il n’y a heureusement pas eu de victimes, combien de temps avant que la chance ne tourne et qu’une véritable tragédie ne frappe le peuple gabonais ? On en est presque à se demander si ce n’est qu’une question de temps avant qu’un accident plus grave, impliquant un train de voyageurs, ne vienne assombrir ce triste tableau ferroviaire.

Les Gabonais sont désormais familiers des incidents répétés, presque routiniers, touchant la Société d’Exploitation du Transgabonais (SETRAG). L’indignation gronde, à juste titre. Comment un pays peut-il tolérer qu’une entreprise en charge d’une infrastructure aussi vitale joue ainsi avec la sécurité publique ? Depuis quatre ans, pas moins de six déraillements annuels sont recensés, une série noire qui devrait alerter. Pourtant, rien ne semble bouger. Le public est bercé par les mêmes excuses, les mêmes annonces de retards, et les mêmes promesses de rétablissement.

Au cœur de cette insécurité ferroviaire, on retrouve une entreprise en particulier : le groupe français Eramet/Comilog. Avec la hausse de la production de manganèse, la pression sur la voie ferrée s’accroît sans que l’entretien ne suive. Cette négligence a un prix, et ce prix pourrait bien être payé en vies humaines. Lorsqu’on voyage sur cette voie, le danger est palpable : à certains endroits, le train est contraint de ralentir drastiquement, signal d’un état de délabrement avancé de l’infrastructure.

Faut-il attendre une catastrophe pour qu’enfin la SETRAG prenne ses responsabilités ? L’avidité de transporter des tonnes de ressources minérales ne peut justifier cette inaction criminelle sur la sécurité des passagers et des employés.

Les nouvelles autorités de la transition doivent prendre la pleine mesure de cette situation. La restauration des institutions et l’honneur des Gabonais passe aussi par la mise en sécurité de ce réseau ferroviaire stratégique. Il est temps d’imposer à la SETRAG un plan d’entretien rigoureux et une véritable responsabilité dans l’exploitation du Transgabonais. La richesse que ce chemin de fer transporte n’a aucune valeur si elle est tachée de sang.

Le peuple gabonais mérite mieux que des communiqués d’excuses réchauffées, il mérite un chemin de fer sûr et entretenu.

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