Le Gabon vit actuellement sous un régime de couvre-feu imposé pour lutter contre l’insécurité nocturne et protéger la population, notamment face à la montée du grand banditisme. Pourtant, un incident choquant est venu ébranler la confiance en nos forces de l’ordre : l’arrestation de jeunes filles mineures, âgées de 15 ans, pour avoir enfreint cette mesure, suivie d’une humiliation publique orchestrée par ceux qui devraient être les garants de la loi.
En effet, les policiers ayant procédé à l’interpellation de ces jeunes filles ont franchi une limite intolérable. Après avoir arrêté ces mineures pour violation du couvre-feu, ces agents ont filmé les jeunes à visage découvert, tout en les menaçant de diffuser ces vidéos sur les réseaux sociaux pour « alerter leurs parents ». Cette menace, qui aurait dû rester un acte isolé et non matérialisé, a malheureusement été mise à exécution. Aujourd’hui, ces images circulent massivement sur les réseaux sociaux, exacerbant l’humiliation publique de ces adolescentes.
Il est incontestable que violer un couvre-feu est un acte répréhensible, particulièrement dans un contexte d’insécurité croissante. Les jeunes filles ont mis leur vie en danger et enfreint une décision légale. Cependant, cela ne justifie en aucun cas l’humiliation publique et la diffusion de leurs images. Le droit gabonais, comme de nombreuses conventions internationales signées par le Gabon, garantit à chaque individu le respect de sa dignité, même lorsqu’il est en faute.
Les forces de l’ordre n’ont aucun droit de filmer des individus sans leur consentement, encore moins de publier ces images sur les réseaux sociaux. La Constitution gabonaise et plusieurs textes de loi nationaux reconnaissent le droit à la vie privée et protègent les mineurs contre toute forme d’exposition publique dégradante. En outre, la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Gabon, stipule clairement que les enfants doivent être protégés contre toute forme de traitement dégradant ou humiliant, particulièrement sur des plateformes publiques comme les réseaux sociaux.
La diffusion de ces images constitue une double violation : d’abord de leur droit à la vie privée, et ensuite, d’une atteinte à leur dignité en tant que mineures. Ces jeunes filles, désormais au cœur d’un scandale public, sont exposées à des moqueries, des jugements, et des commentaires haineux en ligne, aggravant leur traumatisme.
Images capturées sur la vidéo diffusée par les agents de sécurité lors de l’interpellation des jeunes mineures.
En publiant ces vidéos, les policiers ont franchi une ligne rouge en abusant de leur pouvoir. Il est inadmissible que des forces de l’ordre, censées protéger les citoyens, deviennent complices de telles violations de droits. Leur rôle est de faire respecter la loi, pas de soumettre les mineurs à un lynchage médiatique via les réseaux sociaux.
Ces agents ont failli à leur devoir de respecter les principes de dignité humaine, qui doivent toujours prévaloir, même en cas d’infraction. L’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples garantit à toute personne le droit au respect de sa réputation, et l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme interdit les atteintes à la vie privée, y compris la diffusion de données personnelles ou d’images sans consentement.
L’urgence est désormais que la hiérarchie policière intervienne rapidement pour corriger cette dérive. Une enquête interne doit être ouverte pour identifier les agents responsables de cet acte, et des sanctions exemplaires doivent être prises. Il est inadmissible que des policiers, censés incarner la justice, soient à l’origine de violations aussi graves des droits humains.
La diffusion des vidéos des jeunes filles mineures à visage découvert est non seulement une faute morale, mais aussi une infraction aux règles qui régissent le respect de la dignité humaine. La responsabilité des chefs de la police est engagée dans cette affaire. Des sanctions doivent être prises pour éviter que cela ne se reproduise et restaurer la confiance des citoyens dans les forces de l’ordre.
Bien qu’il soit important de sanctionner toute infraction aux lois, y compris la violation du couvre-feu, il est tout aussi crucial de respecter les droits fondamentaux des individus, particulièrement ceux des mineurs. Les forces de l’ordre doivent se rappeler que la loi s’applique avec justice, mais aussi avec respect de la dignité humaine. Diffuser des vidéos humiliantes de mineures ne fait qu’exacerber leur détresse et mine la crédibilité des autorités chargées de faire respecter la loi.
Le Gabon ne doit pas tolérer que des forces de l’ordre, garantes de la sécurité publique, deviennent les agents de l’humiliation publique. La diffusion des vidéos de ces jeunes filles est une faute grave, une dérive inacceptable qui nécessite une réponse ferme de la part des autorités. Les mineurs, même lorsqu’ils sont en faute, ont droit à la protection de leur dignité. L’exposition publique ne fait que fragiliser le tissu social et miner la relation de confiance entre citoyens et forces de l’ordre.
Les responsables de cette diffusion doivent être identifiés et sanctionnés. Le respect de la vie privée et de la dignité humaine, même en situation de faute, est un principe inaliénable.