Alors que les chantiers nationaux peinent à trouver du fer à béton, les déchets métalliques du Gabon prennent la route du Congo-Brazzaville avant d’être réexportés vers l’Inde. Une situation scandaleuse, révélatrice d’un réseau bien organisé et entretenu sous le regard complaisant voire complice de certaines administrations publiques.
Pourtant, la loi gabonaise est claire : l’exportation des rebuts ferreux n’est autorisée qu’après satisfaction des besoins des industries locales. Ces rebuts doivent d’abord servir nos aciéries, qui produisent le fer à béton indispensable à la construction des routes, ponts et logements du pays. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Des conteneurs pleins quittent régulièrement le territoire, notamment depuis le site de Midoumbe, chargés sous la supervision d’agents des ministères du Commerce, de l’Industrie et des Douanes, censés justement contrôler ce type d’opérations.
Selon plusieurs sources concordantes, ces cargaisons dites “en règle” sont en réalité expédiées vers le Congo, avant d’être revendues à des acheteurs indiens. Ce trafic illégal est principalement orchestré par des collecteurs en majorité étrangers, bien implantés dans les circuits informels du commerce des métaux. Ces opérateurs, souvent associés à des intermédiaires locaux, profitent des failles du contrôle administratif et de la complicité de certains fonctionnaires pour s’enrichir sur le dos de l’État gabonais. Il s’agit d’un système bien huilé, où la cupidité des uns et la négligence des autres font perdre au pays une ressource stratégique.
Un tel trafic ne peut exister sans l’implication de hauts responsables. Les autorisations, les scellés et les documents officiels nécessaires à ces exportations ne se signent pas tout seuls. Tout indique l’existence d’une chaîne de complicités internes au cœur même des administrations censées protéger nos ressources. Pendant que le fer quitte discrètement le pays, nos entreprises locales tournent au ralenti, les chantiers publics s’enlisent, et le prix du fer à béton menace de grimper, malgré les accords conclus entre le gouvernement et les industriels pour maintenir un tarif social dans le cadre de la lutte contre la vie chère.
Le plus révoltant, c’est que ce trafic profite davantage au Congo et à l’Inde qu’au Gabon. Le Congo encaisse des taxes, développe ses aciéries et renforce son économie, pendant que l’Inde transforme nos rebuts en or industriel. Et le Gabon, lui, se vide peu à peu de ses ressources, même de celles qu’il devrait recycler sur place. C’est une double perte : économique et symbolique.







En deux jours, 30 conteneurs de fer gabonais quittent le pays : le Congo et l’Inde prospèrent
Face à une telle trahison économique, le silence devient coupable. Le Chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a fait de la bonne gouvernance et de la transparence des priorités nationales, ne peut laisser passer un scandale d’une telle ampleur. Il est urgent que des enquêtes soient ouvertes, que les circuits d’exportation soient gelés, et que les responsables quels qu’ils soient répondent de leurs actes devant la loi. Le peuple gabonais a le droit de savoir qui autorise, couvre ou encourage ce détournement organisé de nos richesses.
Ce dossier dépasse le simple cadre industriel. Il met en lumière la fragilité de notre souveraineté économique et la persistance d’un système où la cupidité de quelques-uns met en péril l’intérêt de toute la nation. Le Gabon ne peut pas continuer à être ce pays où tout se négocie, même ce qui devrait servir à son propre développement. Chaque conteneur de fer qui franchit illégalement nos frontières est un symbole de faiblesse et un coup porté à notre dignité nationale.
Monsieur le Président, le moment est venu de frapper fort. Le pays ne peut se construire pendant que ses ressources s’échappent sous couvert d’autorisations douteuses. Le fer du Gabon doit servir au Gabon. Tant que d’autres le forgeront à notre place, c’est notre avenir lui-même qui sera bradé au poids du métal.











