Dans le cadre de la Transition en cours au Gabon, la question du patriotisme se pose avec acuité. Mathurin Ovono EBE, à travers la contribution du Syndicat National des Enseignants-Chercheurs (SNEC) de l’Université Omar Bongo (UOB), a présenté une série de propositions pour redonner à l’enseignant-chercheur la dignité qui lui revient de droit. Son plaidoyer s’inscrit dans le Livre Blanc pour le Patriotisme, document de référence pour les réformes en cours. Cet ensemble de propositions se veut un projet patriotique centré sur la reconnaissance et la valorisation des enseignants-chercheurs, figures essentielles de la formation de l’élite de demain.
Le célèbre vers de Pierre Claver Akendengue tiré de la chanson Considérable « Vivre sans vivre la libération de son pays, ce n’est pas digne d’un peuple considérable » , souvent cité par le SNEC-UOB, résonne particulièrement en ces temps de changement. Le « Coup de Libération » du 30 août 2023 marque, pour le syndicat, un tournant décisif, un espoir de voir enfin la dignité de l’enseignant-chercheur restaurée.
Le principal enjeu pour Mathurin Ovono EBE et ses pairs est la création d’un statut particulier pour l’enseignant-chercheur. Ce statut, encadré par une loi, devrait mettre fin aux anomalies qui affaiblissent le système universitaire actuel. Parmi les mesures clés, l’abrogation et l’amélioration du décret 866, qui encadrera ce statut particulier, est jugée indispensable. Il s’agirait d’aligner la situation des enseignants-chercheurs avec celle d’autres corps publics d’élite, tels que les magistrats et les forces de sécurité, pour parvenir à un règlement équitable des traitements et de l’avancement, en garantissant un « zéro retard de reclassement ». Cette réforme vise à éradiquer l’absurdité des professeurs gradés mais rémunérés comme des assistants, un fléau qui contribue à l’augmentation de la dette intérieure de l’État.
L’enseignant-chercheur gabonais, évoluant dans un univers compétitif et international, mérite une reconnaissance de sa mobilité professionnelle. La proposition de Mathurin Ovono EBE plaide en faveur de la délivrance d’un passeport de service pour faciliter la participation des enseignants-chercheurs à des colloques, séminaires, et conférences à l’international. Cette mobilité serait également renforcée par l’institution de stages et d’années sabbatiques, permettant ainsi un recyclage permanent, essentiel pour rester à la pointe des savoirs. En outre, la loi garantirait la participation des enseignants-chercheurs à la gestion de leurs institutions, par la désignation de leurs responsables via un processus démocratique entre pairs.
Mais redonner la dignité aux enseignants-chercheurs ne se limite pas aux statuts. Le patriotisme, selon Mathurin Ovono EBE, consiste également à améliorer les conditions de travail. Les universités doivent être dotées de structures modernes, sécurisées et accessibles, pour accueillir les étudiants et le personnel enseignant dans des conditions propices à l’enseignement et à la recherche. Parmi les réformes urgentes à adopter, on note la sécurisation des campus universitaires par la mise en place de barrières et la création d’une police universitaire. De plus, des résidences universitaires doivent être construites, et les restaurants universitaires maintenus en activité pour offrir un cadre de vie digne aux étudiants.
Le SNEC-UOB appelle également à une réhabilitation des capacités d’accueil des universités, à travers la construction de nouveaux amphithéâtres, salles de classe, et universités, toutes dotées des infrastructures numériques nécessaires pour se connecter aux réseaux internationaux.
Autre proposition cruciale : permettre aux universités de bénéficier de comptes dans des banques commerciales. Cette mesure offrirait aux établissements d’enseignement supérieur une autonomie administrative et financière renforcée, leur permettant de gérer efficacement leurs ressources et d’investir dans leur propre développement. Cela favoriserait une gestion plus flexible et mieux adaptée aux besoins actuels des universités.
Enfin, pour que ces réformes soient couronnées de succès, Mathurin Ovono EBE propose la tenue annuelle d’un Conseil National de l’Enseignement et de la Formation, présidé par le Chef de l’État. Ce conseil représenterait un cadre de concertation essentiel pour examiner les progrès réalisés et ajuster les politiques éducatives au fil du temps.
La vision de Mathurin Ovono EBE est claire : le patriotisme, à l’heure de la Transition, doit passer par la restauration de la dignité enseignante. En adoptant les réformes proposées, le Gabon poserait les bases d’un système éducatif fort, capable de former une élite compétente et prête à relever les défis futurs. La nation tout entière gagnerait à soutenir ces propositions qui, au-delà de la simple amélioration des conditions de travail, reflètent une véritable volonté de bâtir un nouveau Gabon, où le savoir est à l’honneur et où chaque enseignant-chercheur est reconnu pour sa valeur et son dévouement.
Ainsi, en participant à ce Livre Blanc pour le Patriotisme, Mathurin Ovono EBE et le SNEC-UOB montrent la voie à suivre : celle d’un patriotisme engagé pour le bien commun, où la dignité des enseignants-chercheurs est non seulement préservée mais également célébrée.