Le triomphe écrasant du OUI au récent référendum constitutionnel aurait dû être une célébration unanime pour le régime d’Oligui Nguema. Cependant, derrière cette victoire se cache un dilemme politique explosif : comment récompenser tous les artisans de ce succès sans compromettre la stabilité de son pouvoir ? Entre opportunisme, promesses implicites et ambitions personnelles, Oligui se retrouve face à une équation aux multiples inconnues.
La victoire du OUI repose sur une organisation sans faille des partisans du régime. Les moyens financiers et matériels déployés pour mener cette campagne ont été massifs, attirant une myriade d’individus aux motivations souvent très éloignées de la conviction politique. Parmi eux, on retrouve les bénéficiaires directs du régime, récompensés par des dons en liquide ou en matériel, qui ont vu dans cette campagne une opportunité de solidifier leurs positions ou d’en gravir les échelons. À leurs côtés, des membres de l’ancien régime, principalement issus du PDG, tentent de revenir dans le cercle du pouvoir afin d’éviter la prison ou la saisie de leurs biens en se ralliant au nouveau régime . Enfin, proches et alliés du président, regroupés dans diverses associations, ont également pesé lourd dans la balance.
Cependant, peu de ces défenseurs du OUI ont agi par réelle conviction. Les discours de campagne, souvent maladroits, liaient la nouvelle Constitution aux « réalisations » d’Oligui, une confusion révélatrice d’un manque de compréhension des enjeux constitutionnels eux-mêmes.
La victoire du référendum a ouvert la boîte de Pandore. De nombreux partisans, ayant mouillé le maillot à leurs frais, espèrent aujourd’hui des nominations dans l’appareil d’État. Mais combien pourront effectivement être récompensés ? Chaque poste attribué à un partisan en laisse des dizaines d’autres frustrés, transformant des alliés d’hier en adversaires potentiels. Oligui doit désormais gérer un équilibre précaire entre le remplacement des actuels occupants de postes stratégiques, dont certains seront sacrifiés pour satisfaire les nouveaux prétendants, et les attentes insatiables des soutiens déçus. Ceux qui n’obtiendront pas de récompense pourraient saboter les actions du gouvernement, voire se retourner contre lui lors des prochaines élections présidentielles.
Le vrai danger pour Oligui réside dans l’attitude des insatisfaits. Si leur mécontentement n’est pas géré avec tact, le chef de l’État risque de voir une partie de sa base s’effriter, alimentant des foyers de contestation. Le soutien apparent d’aujourd’hui pourrait bien devenir l’arme la plus redoutable contre lui demain.
En fin de compte, la victoire du OUI, plutôt que de consolider son pouvoir, expose Oligui à une série de crises politiques internes. Le président devra faire preuve d’une habileté politique hors pair pour naviguer dans ce champ de mines, au risque de voir ses ambitions présidentielles compromises. Cette victoire laisse Oligui face à une question existentielle : comment gérer l’appétit insatiable de ceux qui ont soutenu sa cause ? Si les attentes ne sont pas rapidement et équitablement satisfaites, ce succès pourrait bien devenir le point de départ d’une contestation rampante, révélant les failles d’un régime encore en quête de légitimité. La balle est dans le camp du président, mais le chronomètre tourne déjà.