B.N.C.A Ingénieur portuaire
Débutée en 2019, l’Affaire Kongossanews a pris progressivement du terrain ces temps derniers, occupant la totalité de l’espace médiatique et éclipsant au passage toutes les communications du gouvernement sur la Covid-19. C’est la preuve que cette affaire intéresse les gabonais, lesquels souhaitent désormais connaître TOUTE la “vérité”.
Au-delà des polémiques et des postures, il y a des problématiques dominantes. Qu’est devenu le scandale lié à la disparition des 353 conteneurs de kévazingo ? Où en est l’enquête et surtout, pourquoi l’ancien vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou a-t-il été démis de sa fonction par le chef de l’État lui-même, au plus fort du tolley médiatique qu’avait engendré l’affaire Kévazingo?
Des questions à n’en plus finir.
Lors de sa dernière sortie, Jessye Ella Ekogha, le porte-parole de la présidence de la République a annoncé des sanctions administratives contre Stive Roméo Makanga et son journal, et laissé supposer d’éventuelles poursuites au pénal contre le journaliste.
Un tel scénario serait inimaginable. La première institution du pays se rabaisserait-elle à faire condamner au pénal un directeur de publication ? Que fait-on de la Liberté de la presse ?
La tentation de la moquerie est grande. Souvenons-nous de cette mémorable phrase de Jack Lang en 1981: “Le 10 mai, les Français ont franchi la frontière qui sépare la nuit de la lumière”.
D’ailleurs, pourquoi poursuivrait-on Stive Roméo Makanga ?
Ne nous égarons pas, bien au contraire, efforçons-nous de garder ces événements à l’esprit. C’est crucial.
Le 21 mai 2019 le journaliste avait fait de fortes révélations sur le supposé détournement de 353 conteneurs, impliquant de fait l’ancien vice-président et le ministre des Eaux et forêts de l’époque.
Seulement quelques heures après publication de l’article, le Secrétaire général de la présidence de la République lisait un communiqué d’Ali Bongo Ondimba marquant l’éviction de ses deux collaborateurs.
À moins d’être devin, il est évident que Stive Roméo Makanga détenait bien de solides informations pour étayer sa thèse.
L’on ne saurait dans ce contexte, parler de diffamation étant attendu que les écrits du journaliste se sont avérés avec la plus grande précision.
La diffamation aurait pu être constituée si et seulement si les faits ne s’étaient pas avérés.
En faisant lecture du communiqué marquant les évictions de l’ancien vice-président et de l’ancien ministre des Eaux et forêts, la publication de Stive Roméo Makanga a obtenu tout le crédit que l’on exige aux articles de presse.
Aujourd’hui, ils sont nombreux à se poser des questions:
Pourquoi le chef de l’Etat avait-il limogé son vice-président ? De quel acte gravissime lui reprochait-il ?
Motus et boule de gomme. Un nouveau procès de Stive Roméo Makanga cette fois-ci contre la présidence de la République permettrait de lever bien des équivoques.
D’abord, la mystérieuse disparition des 353 conteneurs de kévazingo, ensuite, les raisons profondes des évictions des collaborateurs d’Ali Bongo Ondimba ; enfin, le sens profond d’une affaire qui donne l’impression d’une théâtralisation merveilleusement exécutée.
B.N.C.A Ingénieur portuaire