Il est parfois ironique de constater que ceux qui ont semé la terreur finissent par récolter ce qu’ils ont semé. L’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba, jadis impitoyable envers ses opposants, se retrouve aujourd’hui à implorer la clémence pour sa propre famille. En effet, dans une lettre ouverte récemment publiée, il demande la libération de son épouse Sylvia Bongo Ondimba et de leur fils Nourredin Bongo Valentin, emprisonnés depuis près d’un an. L’homme qui ne montrait aucune pitié pour ceux qu’il persécutait est désormais en quête de compassion pour ses proches.
Pendant son règne, Ali Bongo était connu pour sa fermeté envers ceux qui osaient s’opposer à lui. Son régime n’hésitait pas à réduire au silence ses adversaires politiques, souvent par des méthodes brutales et inhumaines. Zibi Bertrand, autrefois candidat à la présidence, a subi l’enfer des prisons gabonaises sous son régime, tout comme Brice Laccruche Alihanga, un ancien proche devenu rival, qui a été emprisonné dans des conditions atroces. Kelly Ondo, lui aussi victime du régime, a subi des représailles sans appel pour avoir osé critiquer le pouvoir en place.
Ces hommes, ainsi que des dizaines d’autres Gabonais, ont souffert de la main de fer d’Ali Bongo. Pourtant, aujourd’hui, celui qui ne montrait aucune pitié se trouve à la place de ceux qu’il persécutait, suppliant pour la liberté de sa famille.
Ce retournement de situation devrait servir de leçon à d’autres dirigeants africains, qui gouvernent leurs nations par la peur et la répression. En Afrique, des exemples similaires existent : des présidents comme Paul Biya du Cameroun ou Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale continuent de s’accrocher au pouvoir, souvent en bafouant les droits de leurs opposants.
Prenons Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 40 ans. Son régime a vu l’arrestation et la détention arbitraire de plusieurs opposants politiques et activistes. Mais à 90 ans, dans un état de santé de plus en plus fragile, que pourrait-il demander lorsqu’il sera à son tour confronté à la justice ou à la perte de contrôle ? La roue tourne, et l’histoire d’Ali Bongo démontre que nul n’est à l’abri de la justice, surtout lorsque celle-ci est réclamée par un peuple lassé de l’oppression.
Teodoro Obiang Nguema, le plus ancien président au pouvoir en Afrique, a également gouverné la Guinée Équatoriale avec une poigne de fer, réprimant les dissidents et monopolisant les ressources du pays pour sa famille. Qu’adviendra-t-il lorsque la nature se retournera contre lui, comme c’est le cas pour Ali Bongo aujourd’hui ?
La situation d’Ali Bongo est la preuve que le pouvoir est éphémère et que les actions d’un dirigeant finissent toujours par le rattraper. Celui qui réclamait l’emprisonnement de ses ennemis pour un simple désaccord politique est aujourd’hui celui qui implore la libération de ses proches. C’est une justice ironique qui montre à quel point la roue du destin tourne inexorablement.
Pour tous les dictateurs africains qui pensent être intouchables, l’exemple d’Ali Bongo devrait leur rappeler que la nature, ou peut-être le karma, finit toujours par reprendre ses droits. Que ce soit pour un président renversé ou un despote vieillissant, il arrive un moment où les oppresseurs se retrouvent oppressés. La clémence qu’Ali Bongo réclame aujourd’hui aurait pu lui être accordée s’il avait lui-même agi avec justice et humanité envers ceux qu’il a écrasés sous son régime.
Les leçons à tirer de cette situation sont claires : la répression ne peut jamais être une stratégie durable pour maintenir le pouvoir. Un jour, ceux qui utilisent la force et la terreur pour régner devront eux aussi répondre de leurs actes, et ce jour-là, ils comprendront la douleur qu’ils ont infligée aux autres.