Les propos du directeur de cabinet du Président-Fondateur de l’UDB, tenus le 3 août dernier au Radisson Blu, continuent de faire grincer des dents. « Nous sommes le parti présidentiel, mais aussi le parti au pouvoir. Il ne faut surtout pas l’oublier. Notre parti détient le pouvoir, dont la clé de voûte de nos institutions. Nous sommes le candidat plébiscité, au-delà de notre parti, par l’ensemble des Gabonais le 12 avril dernier », a-t-il déclaré.
Pour le Professeur Mathurin Ovono Ébè, si la deuxième partie de cette déclaration « Nous sommes le candidat plébiscité, au-delà des partis par l’ensemble des Gabonais le 12 avril dernier » est lucide et clairvoyante, la première partie, elle, met le feu aux poudres. « Cette phrase réveille les vieux démons avec des avatars du dernier régime de la Quatrième République », avertit-il.
L’universitaire appelle à dépasser l’émotion pour analyser froidement ces propos. « C’est un truisme de rappeler que le parti présidentiel est le parti au pouvoir. Mais l’UDB est-il le parti présidentiel, le parti au pouvoir ? La réponse est, a priori, négative. Car Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu par l’ensemble des Gabonais, deux mois avant la naissance du parti. Le vrai parti au pouvoir, c’est le peuple gabonais, d’où l’inclusivité prônée par le Président de la République », martèle-t-il.
Et d’ajouter : « Pour qu’un parti soit désigné comme le parti au pouvoir, le parti présidentiel, il faut qu’il porte son candidat au pouvoir, qu’il aide son candidat à devenir Président de la République, et ce n’est pas le cas de l’UDB. Ainsi, l’UDB est le parti du Président, il n’est pas le parti présidentiel ».
Le Professeur ouvre toutefois une porte : « L’UDB peut être considéré comme le parti présidentiel en devenir s’il travaille à porter Brice Clotaire Oligui Nguema au pouvoir pour un second mandat en 2032. Pour cela, il faut opérer une véritable mue pour se défaire des vieux réflexes. La méritocratie, la liberté de penser, la liberté d’entreprendre et la démocratie véritable doivent être les piliers de cette Cinquième République qui se veut inclusive ».
À travers cette mise au point, le Professeur Mathurin Ovono Ébè remet les pendules à l’heure : l’UDB est un invité dans la maison République, pas le propriétaire des lieux. Et dans cette maison, rappelle-t-il, « les invités qui se prennent pour les propriétaires finissent toujours à la porte ».
