C’est désormais officiel : Maurice Kamto ne sera pas sur la ligne de départ pour la présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun. Le Conseil constitutionnel a tranché, la hache est tombée, et la candidature de l’opposant le plus coriace du régime est passée à la moulinette administrative. Résultat ? Rejet pur et simple, sans sucre ni anesthésie.
L’opinion publique, elle, hésite entre le fou rire et le soupir. Car depuis des mois, le feuilleton “Kamto 2025” alimentait les cafés, les salons et les taxis de Yaoundé à Garoua : allait-il réussir à contourner les embûches légales, à déguiser son ambition, à glisser une petite candidature par la fenêtre pendant que le régime regardait ailleurs ? Spoiler : non. La porte était cadenassée, les fenêtres murées et les juges du Conseil constitutionnel bien réveillés ou bien briefés, c’est selon.
Tout avait pourtant été tenté. Éjecté du MRC, devenu un parti fantôme depuis son boycott des élections de 2020 (ce qui, avouons-le, n’aide pas pour avoir des élus), Kamto s’est tourné vers le Manidem, petit parti de gauche, pour porter sa flamme présidentielle. Une sorte de mariage politique express, sans fiançailles. Mais voilà que le Manidem, visiblement polygame, avait déjà offert sa bénédiction à un autre candidat. Deux prétendants pour un seul ticket ? Même au Cameroun, ce n’est pas permis. Et le code électoral, parfois si souple avec les amis du pouvoir, s’est montré ici d’une rigueur militaire.
Le 5 août, Kamto a livré sa dernière bataille : une plaidoirie fiévreuse devant les juges du Conseil constitutionnel. Avec ses avocats, il a déroulé un argumentaire digne d’un procès de Nuremberg. Il a parlé démocratie, légitimité, voix du peuple, Constitution… Bref, tout ce que les juges camerounais redoutent le plus. En retour, ils ont brandi leur arme fatale : la décision “définitive et sans recours”. Clap de fin.
Paul Biya, du haut de ses 92 ans (dont 42 passés à l’étage présidentiel), peut donc dormir sur ses deux oreilles, et même faire une sieste supplémentaire. Son principal adversaire est hors-jeu, sans même avoir pu chausser les crampons. La route est libre pour un énième mandat, ou pour la mise en orbite de l’héritier désigné, dans une démocratie qui tient plus du théâtre d’ombres que du jeu électoral.
Quant à Kamto, il peut méditer cette maxime du pouvoir camerounais : “ici, on ne gagne pas une élection, on y survit.”
