Un an après le coup de force du général Oligui Nguema, le professeur Albert Ondo Ossa, figure emblématique de l’opposition gabonaise, brise le silence avec une critique cinglante de la situation politique du Gabon. Dans une interview sans détour accordée à une chaîne de télévision française, il fustige la transition menée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et accuse le régime militaire d’avoir trahi le peuple gabonais.
Le professeur Albert Ondo Ossa lors de la dernière élection présidentielle
Pour Ondo Ossa, il n’a jamais été question de revendiquer une quelconque victoire électorale pour lui-même. Non, il se considère avant tout comme le représentant des aspirations du peuple gabonais, un peuple qui, selon lui, l’a massivement élu le 26 août dernier. « Je suis un homme du 26 août, pas du 30 août », martèle-t-il, soulignant que c’est le peuple qui a été floué dans cette élection volée.
Lorsqu’il s’agit de faire le bilan du CTRI, Ondo Ossa ne mâche pas ses mots : « Bilan zéro! ». Les militaires, qui avaient promis une transition rapide et un retour à un gouvernement civil, se sont installés dans le pouvoir, préférant construire des routes et des ponts au lieu de répondre aux véritables besoins du peuple. Pour Ondo Ossa, ces projets d’infrastructure ne sont qu’une distraction, un écran de fumée masquant l’absence de progrès réels pour le pays.
Quant à ses relations avec le général Oligui Nguema, Ondo Ossa refuse de les dramatiser : « Il n’a jamais été mon adversaire ». Mais il reste ferme dans sa position de démocrate convaincu : « Je ne cautionne pas les coups d’État ». Pour lui, l’enjeu n’est pas de négocier des postes, mais de reconstruire le Gabon sur des bases solides, loin des manipulations du CTRI.
Son scepticisme à l’égard des élections prévues est palpable. Pour Ondo Ossa, les conditions pour un scrutin crédible sont inexistantes. « Rien n’est clair après deux mois, et rien ne sera fait! » déclare-t-il, dénonçant l’absence de recensement administratif et de textes législatifs clairs, des éléments indispensables pour garantir des élections libres et transparentes.
Enfin, Ondo Ossa dénonce une continuité des pratiques corrompues du Parti Démocratique Gabonais (PDG) sous le règne du CTRI. Il accuse le régime de laisser certains individus s’enrichir rapidement et inexplicablement, tandis que le pays s’endette davantage. Les secteurs vitaux comme la santé et l’éducation sont laissés à l’abandon, et le slogan de réhabilitation des institutions lancé par le CTRI n’est, selon lui, qu’une « coquille vide ».
Albert Ondo Ossa se pose ainsi en défenseur intraitable des idéaux démocratiques, refusant de laisser le peuple gabonais sombrer dans la désillusion face à un régime militaire qu’il qualifie de traître. À un an de la « libération » du Gabon, son message résonne comme un avertissement : la reconstruction du pays doit se faire sur des bases authentiques, en accord avec les aspirations profondes de la population.