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Oligui signe un décret électoral qui crucifie la Cinquième République et trahit ses propres engagements solennels

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Au Gabon, les vieilles habitudes ont décidément la peau dure. Le député de la transition et acteur de la société civile, Geoffroy Foumboula Makosso, vient de tirer la sonnette d’alarme face à ce qu’il qualifie de « dérapage grossier » : un décret présidentiel signé le 7 juillet 2025, fixant unilatéralement la date de dépôt des candidatures pour les élections législatives et locales.

Une décision qui, sur le papier, aurait dû émaner d’une commission électorale indépendante. Problème : cette commission n’est même pas encore en place.

Au lieu d’un État de droit, c’est un véritable chantier d’improvisation auquel assiste le peuple gabonais. Geoffroy Foumboula Makosso est formel : « Le ministère de l’Intérieur ne peut fixer ni les dates des dépôts de candidature, ni celles du scrutin. Le code électoral l’interdit, c’est la Commission Électorale Indépendante qui en a la charge. Mais quand la loi dérange, on préfère l’oublier. »

Pire : alors que la loi impose un enrôlement des électeurs avant chaque élection, rien n’a été fait. Aucune mise à jour du fichier électoral. Aucune communication officielle. Silence radio. On avance à l’aveugle, sans calendrier, sans règles, sans élégance.

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La ficelle est grosse. Très grosse. Comme par hasard, le président de la République devenu entre-temps président d’un parti politique fondé le 5 juillet signe ce fameux décret dès le lendemain. Deux dates, un seul objectif : verrouiller le jeu avant même que les autres joueurs aient le temps de se lever de table.

Et là où Geoffroy Foumboula Makosso se fait mordant, c’est quand il souligne l’impossibilité matérielle de respecter les exigences légales en si peu de temps. « Réunir 9 000 membres, déposer les statuts, obtenir les enquêtes de moralité, tout ça en huit jours ? Même un magicien n’y arriverait pas. »

Sous couvert de transition et de renouveau institutionnel, certains semblent décidés à reprendre les travers d’hier. « C’est du copier-coller des pratiques du PDG », dénonce le député. Derrière des promesses de réforme, c’est un recyclage des méthodes les plus douteuses : décisions unilatérales, jeux d’appareil, confusion des rôles entre arbitre et joueur.

« Ce n’est pas juste une question de forme, insiste Geoffroy Foumboula Makosso. C’est une atteinte grave à l’esprit républicain. Ce genre de dérives nous ridiculise, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. »

Pour le député, l’heure n’est plus aux demi-mesures. « Nous ne pouvons plus accepter ces manœuvres grossières. C’est insultant pour le peuple gabonais. Gouverner ne veut pas dire tricher ouvertement sous les yeux de tous. »

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Si cette alerte reste pour l’instant une déclaration publique, Geoffroy Foumboula Makosso n’exclut pas d’aller plus loin : « Je n’ai pas encore saisi la Cour constitutionnelle, mais cela pourrait venir. À force de jouer avec le feu, certains finiront par s’y brûler. »

Le message est clair : assez de bricolages institutionnels. Le Gabon mérite mieux qu’une République où le chef de l’État signe, organise, contrôle et participe aux élections en même temps.

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