Il n’y a pas si longtemps, le président Oligui Nguema provoquait une véritable tempête en accusant ses parents Fang d’Oyem d’avoir combattu son cadet par jalousie. Cette déclaration, qui justifiait la destitution de ce dernier de ses fonctions de Directeur Général du Budget (DGB) pour le protéger, avait suscité une colère noire parmi le peuple Fang et l’indignation de nombreux Gabonais. Beaucoup se demandaient comment le président, qui avait pris des mesures drastiques contre les propos discriminatoires et à tendance ethnique, pouvait lui-même enfreindre ses propres lois avec une telle désinvolture.
Aujourd’hui, le chef de l’État opère un virage spectaculaire. Dans une nouvelle allocution, Oligui Nguema a félicité ses parents Fang du Woleu-Ntem pour leur amour inébranlable pour leur région. Un amour qui les pousse à bâtir de grandes maisons chez eux, plutôt qu’à Libreville, la capitale. Il a publiquement exhorté ses parents maternels du Haut-Ogooué à suivre cet exemple : « Arrêtez d’aller construire des maisons à Libreville. Chez vous, c’est ici. Faites comme les Fang. Je suis allé à Oyem, je suis allé à Bitam et même dans leurs villages. Quand ils ont un peu de moyens, ils commencent à construire chez eux. »
Ce retournement de situation démontre la capacité d’Oligui Nguema à naviguer habilement entre les différentes dynamiques ethniques et politiques du pays. Après avoir été perçu comme un pyromane involontaire, il se présente maintenant en pompier zélé, tentant d’éteindre les braises de la discorde avec des compliments bien calculés.
La déclaration du président va bien au-delà des simples paroles. Elle incite à une réflexion sur l’investissement des ressources au niveau local. En encourageant les Gabonais à investir dans leurs régions d’origine, Oligui Nguema plaide pour un développement plus équilibré du pays. Ses propos, teintés d’une pointe d’humour, visent à créer une émulation positive entre les différentes communautés.
Il est clair qu’Oligui Nguema, en homme politique expérimenté, sait manier le verbe pour corriger le tir. Si son précédent commentaire avait semé la zizanie, ce nouveau discours de réconciliation pourrait bien être le baume nécessaire pour apaiser les tensions. La capacité du chef de l’État à naviguer entre les écueils de la politique ethnique gabonaise est indéniable, mais seule l’histoire nous dira si ce virage rhétorique aura l’effet escompté.
En attendant, les Gabonais peuvent prendre un moment pour savourer ce spectacle de haute voltige où l’amour des racines et la fierté régionale occupent le devant de la scène politique. Qui sait ? Peut-être que ce nouvel épisode marquera le début d’une ère où les discours présidentiels feront davantage de place à l’unité nationale et au développement local. Après tout, un bon rire vaut bien une maison, surtout si elle est construite chez soi.
Espérons que cette opération de charme saura apaiser la colère des parents d’Oyem et ramener un peu de sérénité dans les cœurs.