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Ce geste, salué par certains comme un retour aux sources, avait une double portée. Il ne s’agissait pas uniquement de rendre hommage à ceux qui nous ont précédés, mais aussi de protéger et de transmettre un pouvoir mystique au nouveau chef de l’État, fils Ekang, afin qu’il règne sous la bénédiction spirituelle de ses aïeux. Ce moment fort, qui aurait dû rester dans la sphère du sacré, a pourtant suscité une vive émotion dans les cercles initiés. Pour les gardiens des traditions fang, cette cérémonie ne devait en aucun cas être exposée aux regards profanes. Dans cette atmosphère de trouble et d’interrogations, une voix s’est élevée avec fermeté, sagesse et bienveillance. Celle d’Obame Ebé Engonga, notable respecté et fin connaisseur des coutumes ancestrales. À travers un message poignant, il interpelle son peuple et lance un cri du cœur : celui d’un fils des ancêtres inquiet du devenir spirituel de sa communauté.
La cérémonie en hommage à ceux qui nous ont précédés, mais aussi de protéger et de transmettre un pouvoir mystique au nouveau chef de l’État, fils Ekang, afin qu’il règne sous la bénédiction spirituelle de ses aïeux.

Ci-dessous, le message d’Obame Ebé Urbain, ‘’Edzodzome Dzale l’enfant du village, le fils des Ancêtres’’ :
‘’Peuple Ekang, bonjour !
Je suis Obame Ebé Engonga, ‘’l’enfant du village’’, ‘’le fils des Ancêtres’’.
Peuple Ekang ! Homme Fang !
Pourquoi infliger tant d’humiliations à nos ancêtres ?
Lors d’une réunion organisée par Jean François Ntoutoume Emane, un notable Fang, destinée à débattre de nos préoccupations, un constat troublant s’est imposé à moi : alors que l’initiateur de la rencontre avait clairement précisé, en préambule, que nous étions réunis dans un corps de garde Fang et que les échanges devaient rester strictement confidentiels, les aînés présents prenaient pourtant la parole… en français !
Comment peut-on espérer préserver le secret de nos traditions lorsque nous les exprimons dans une langue étrangère ?
Autrefois, lorsqu’un enfant était destiné à de grandes responsabilités, sa préparation se faisait dans le plus grand secret, entre lui et les détenteurs du savoir à transmettre.
Autrefois, un père, une mère, ou un aîné attendait d’être seul avec l’enfant pour lui transmettre un enseignement.
Autrefois, un parent qui voyait sa fille revenir couverte de sang aux mains, aux pieds ou aux reins comprenait, sans un mot, que les femmes du clan avaient accompli ce qu’elles devaient faire.
Dans nos traditions, il existait des spécialistes pour chaque mal. Une femme éprouvait des difficultés à enfanter ? On savait vers qui se tourner. Un malade mental ? Des maîtres en la matière existaient et œuvraient dans la discrétion la plus totale.
Aujourd’hui, tout est devenu vulgaire et exposé. On en vient même à introniser un enfant en public. Mais qui peut réellement garantir la fiabilité et la loyauté de toutes les personnes présentes à une telle cérémonie ? Comment être sûr qu’aucune d’entre elles n’utilisera ce qu’elle a vu ou entendu pour nuire à celui qu’on prétend avoir élevé ?
Peuple Fang, il est temps de nous interroger sur nos pratiques. Le Gabon est composé de plusieurs peuples, chacun avec ses traditions. Mais eux, au moins, savent préserver leurs secrets.
Faire connaître notre culture ne signifie pas divulguer ses interdits. Le goût de l’argent et des postes de nomination vous poussent à trahir nos aïeux, à les déshabiller symboliquement devant les autres nations.
Cela doit cesser. Il faut mettre un terme à cette attitude égoïste et profondément maladroite.
Voici ma part de vérité sur le comportement de l’Homme Fang aujourd’hui : tout ne doit pas être exposé au grand jour.’’

Au lendemain de l’investiture du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, une scène symbolique a marqué les esprits : l’intégration d’un rite traditionnel Ekang en hommage aux ancêtres. Ce geste, salué par certains comme un retour aux sources, avait une double portée. Il ne s’agissait pas uniquement de rendre hommage à ceux qui nous ont précédés, mais aussi de protéger et de transmettre un pouvoir mystique au nouveau chef de l’État, fils Ekang, afin qu’il règne sous la bénédiction spirituelle de ses aïeux. Ce moment fort, qui aurait dû rester dans la sphère du sacré, a pourtant suscité une vive émotion dans les cercles initiés. Pour les gardiens des traditions fang, cette cérémonie ne devait en aucun cas être exposée aux regards profanes. Dans cette atmosphère de trouble et d’interrogations, une voix s’est élevée avec fermeté, sagesse et bienveillance. Celle d’Obame Ebé Engonga, notable respecté et fin connaisseur des coutumes ancestrales. À travers un message poignant, il interpelle son peuple et lance un cri du cœur : celui d’un fils des ancêtres inquiet du devenir spirituel de sa communauté.
La traduction de ce discours de la langue Fang en langue française a été faite par notre aimable interprète, Ntolo Nang, de la tribu Essangui ( Ci-dessous)
