Dans la province du Haut-Ogooué, la population de Lékoni se soulève contre un projet d’implantation massive de plantations d’eucalyptus, et leur indignation est justifiée. Avec le soutien de figures locales telles que Zibi Bertrand, ancien député ayant déjà combattu l’introduction de plantations d’hévéa dans sa circonscription de Minvoul, les villageois expriment avec force leur opposition à cette initiative. Leurs arguments sont profonds et ancrés dans l’histoire et l’expérience de leur région.
L’ex député soulignent le riche passé agricole de la région du Woleu-Ntem, marqué par la culture du cacao et du café. Ces cultures ont été les piliers de l’économie locale, offrant aux habitants des perspectives économiques, sociales et éducatives. Le cacao et le café ont été bien plus que des cultures commerciales ; ils ont été des moteurs de développement, permettant aux familles d’envoyer leurs enfants à l’école, de subvenir à leurs besoins de santé et de construire des foyers stables dans leurs villages.
L’histoire de succès des pays voisins comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire, qui ont prospéré grâce à la culture du cacao, est un exemple puissant de ce que ces cultures peuvent apporter à une région au moment où le kilo de cacao est évalué aujourd’hui à plus de 5000 frs CFA. Ces pays sont devenus des acteurs majeurs sur la scène mondiale grâce à leurs exportations de cacao, générant des revenus significatifs pour leurs populations et stimulant le développement économique.
En comparaison, les plantations d’eucalyptus suscitent des inquiétudes légitimes parmi les habitants. Ces arbres, bien qu’ils soient rentables pour certaines industries, posent de sérieux problèmes environnementaux et sociaux. Les villageois craignent que les plantations d’eucalyptus ne ravagent leurs sols, n’épuisent leurs ressources en eau et n’appauvrissent leur biodiversité déjà fragile. De plus, les impacts sur la santé humaine et animale, notamment les problèmes respiratoires liés à l’exposition aux émissions de gaz des plantations d’eucalyptus, sont une préoccupation majeure.
Un éleveur, exprimant son désarroi à travers une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, a témoigné : « J’ai perdu mes bêtes depuis que cette exploitation s’est implantée à côté de ma ferme. Des porcs et des poules sont morts sans que je ne sache pourquoi. J’ai dû transporter le reste de mes bêtes ailleurs chez mon grand frère en attendant de trouver un autre site. »
Face à ces préoccupations légitimes, il est clair que la réintroduction du cacao dans la région serait un choix bien plus avisé. Non seulement le cacao offre des perspectives économiques durables, mais il favorise également la préservation de l’écosystème local et la création d’emplois dans divers domaines, de la culture à la transformation, selon Bertrand Zibi, bras droit du président de transition. De plus, pour lui, le cacao est une culture adaptable, pouvant être cultivée selon des pratiques agroforestières qui préservent la fertilité du sol et la biodiversité.
Soutenir les aspirations des villageois du Haut-Ogooué à revenir à leurs racines agricoles en favorisant la culture du cacao est non seulement respectueux de leur histoire et de leur culture, mais aussi une décision sensée du point de vue économique et environnemental. Il est temps de privilégier les intérêts des communautés locales et de promouvoir un développement durable qui profite à tous.