À Mouanda, une ville jadis prospère grâce à l’exploitation minière, le climat social devient de plus en plus tendu. Lors de la récente tournée présidentielle, les habitants, en particulier les jeunes, ont exprimé de manière virulente leur désir de voir Léod Paul Batolo, directeur général de la Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG), quitter ses fonctions. Cette demande fait écho à un précédent appel lancé lors du premier déplacement du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, peu après sa prise de pouvoir. À cette époque, le président avait défendu farouchement Batolo, malgré les multiples accusations portées contre lui.
Aujourd’hui, l’étau se resserre davantage autour de Batolo. Les syndicalistes de COMILOG, regroupés en une intersyndicale, ont récemment remis un procès-verbal au Président du conseil d’administration de la société, annonçant un préavis de grève. Leur principale revendication ? Le départ immédiat de Léod Paul Batolo. Les accusations portées contre lui sont lourdes : mépris, discrimination, harcèlement, emprisonnement sans preuves des travailleurs, vols de carburant, et une nomination controversée d’un expatrié à un poste clé.
Ce climat délétère au sein de la COMILOG pourrait être interprété comme un reflet de la relation conflictuelle entre la direction générale et les employés. Les syndicalistes, après avoir épuisé toutes les voies de recours pour apaiser la situation, se tournent désormais vers l’arbitrage du Président du conseil d’administration.
Cependant, un dilemme complexe se pose. Léod Paul Batolo est seulement le deuxième Gabonais à occuper ce poste stratégique, après Marcel Abeke, actuellement membre du gouvernement. Demander son départ, c’est risquer de voir un expatrié, belge ou français, prendre la relève, sans garantie que la situation s’améliore. Ce scénario rappelle les propos du président Oligui Nguema lors de son dernier passage à Mouanda : « La main qui demande est toujours en bas. » Un message fort destiné à la population, les exhortant à formuler leurs demandes dans le respect des règles.
Face à cette situation, une question brûlante se pose : pourquoi le président maintient-il Batolo à ce poste, malgré la volonté évidente de la population ? Le chef de l’État sait-il quelque chose que le peuple ignore ? Tandis que les syndicalistes et les habitants de Mouanda attendent désespérément un changement, le bras de fer entre la direction de COMILOG, les employés, et le président lui-même, atteint son paroxysme. La décision finale du président Oligui Nguema sera cruciale pour l’avenir de COMILOG et pour le climat social de la ville de Mouanda.