Mariette Raïssa Kombila : « La violence envers les femmes gabonaises est en recrudescence »

Bonjour madame Raïssa. Vous êtes à la tête d’une grande association de défense des droits des femmes. En tant que femme leader, que pensez-vous de la situation des femmes depuis le renversement du régime d’Ali Bongo ?

Raïssa Kombila :Je crains que la place de la Femme soit en nette régression et que le phénomène des féminicides soit en progression. L’association MOUETSE est grande grâce à la noble thématique qu’elle aborde et aussi par les actions d’envergure menées depuis sa création. Elle s’aligne aux standards internationaux et est en phase avec les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Depuis le 30 août dernier, nous constatons une recrudescence de la violence à l’égard des femmes, comme en témoigne le crime crapuleux enregistré en début du mois au quartier Nzeng Ayong. La justice semble trop clémente avec ces criminels, ce qui est inadmissible.

L’autonomisation des femmes est l’un de vos principaux combats. Pensez-vous atteindre cet objectif dans une société où la culture a historiquement rendu les femmes dépendantes des hommes ?

Tous les combats que nous menons aujourd’hui ont des origines lointaines. Nous faisons notre part, à notre façon. Initialement, MOUETSE se concentrait sur les actes de violences au sens large. Au fil du temps, nous avons identifié diverses formes de violences subies par les femmes, notamment la violence économique, qui entraîne une dépendance économique et détruit à petit feu le couple. Le CTRI et son gouvernement prônent un retour à la terre, et nous espérons que les mesures d’accompagnement annoncées contribueront réellement à l’autonomisation économique des femmes.

Il y a au Gabon des femmes leaders dans divers secteurs. Êtes-vous soutenue par ces dernières ?

En dehors de MOUETSE, je suis membre du réseau panafricain AWLN (African Women Leaders Network), section Gabon. Ce réseau international promeut le leadership féminin. Les leaders associatifs réunis au sein de AWLN Gabon se distinguent par leur résilience et leur solidarité. D’autres regroupements féministes permettent également une solidarité agissante des femmes engagées.

Quel rapport avez-vous avec le monde politique dans le déploiement de vos actions pour la protection des droits des femmes ?

Je suis très critique envers les différentes politiques sociales, économiques et sanitaires mises en place par les gouvernants afin de mener à bien mon combat.

Avez-vous l’appui des autorités dans ce que vous faites ?

Il fut une époque où j’ai pu bénéficier du soutien financier et technique des autorités. Malheureusement, il est regrettable que l’action associative dans notre pays dépende souvent des hommes politiques, alors que l’État devrait mettre en place des mécanismes pour soutenir les leaders associatifs sur la base de leurs actions concrètes.

Vous vous êtes principalement déployée à Tchibanga, votre province natale. Pourquoi ce choix et comptez-vous vous déployer également dans les autres provinces ?

L’association MOUETSE est nationale et apolitique. Un vieil adage dit « avant de balayer devant la porte du voisin, balaie d’abord devant la tienne ». Grâce aux partenaires internationaux, nous amorçons notre déploiement vers les autres localités du pays.

Vous avez fait un brillant plaidoyer pour l’autonomisation des femmes au Maroc. Avez-vous déjà un soutien étranger pour la réalisation de vos projets ?

Les partenaires étrangers prêts à s’investir pour le bien-être des femmes gabonaises sont nombreux. Cependant, cet engouement est souvent freiné par la volonté politique. Le Gabon pourrait largement profiter de partenariats et de jumelages de villes avec des pays comme le Maroc.

Gabon, votre positionnement est souvent mal perçu par les hommes politiques. Quelles relations entretenez-vous avec eux ?

Mes relations avec les hommes politiques sont cordiales. Je crois en ma force morale, à ma capacité d’adaptation et à ma résilience. Je place ma confiance en le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour résoudre les problèmes d’ego qui entravent notre progression.

Mariette Raïssa Kombila, accompagnée de Zibi Bertrand, un collaborateur éminent et respecté du chef de l’État, a assisté au voyage républicain du président dans la province de la Nyanga, à Tchibanga.

Vous vivez entre le Gabon et la France. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a demandé aux compatriotes de rentrer pour contribuer à la construction d’un nouveau Gabon. Allez-vous emboîter le pas ?

N’ayant pas une base solide au Gabon, je vis entre les deux pays. J’ai besoin de plus de garanties pour rentrer définitivement. Beaucoup de Gabonais de la diaspora sont rentrés sous couvert du CTRI, avec toutes les conditions d’intégration réunies.

Mariette Raïssa Kombila reste déterminée à combattre les violences faites aux femmes et à promouvoir leur autonomisation économique au Gabon. Malgré les défis et les obstacles, elle continue de croire en un avenir meilleur pour les femmes gabonaises, sous l’impulsion d’un leadership engagé et de partenariats solides.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *