Il y a près de 20 ans, lors d’une émission télévisée où chaque candidat à l’élection présidentielle exposait sa vision, Pierre Mamboundou, un homme à la foi inébranlable, marqua les esprits. Interrogé sur le choix de sa cravate rouge, il répondit avec une ferveur chrétienne : « Je crois au sang de Jésus, qui soigne, guérit, protège et sanctifie. J’espère que ce sang fera en sorte que, le un 30 août, le Gabon devienne l’univers de Dieu, l’univers du Seigneur qu’on appellera Gabon. »
À l’époque, beaucoup avaient pris ces paroles pour une simple déclaration de campagne. Mais aujourd’hui, cette phrase résonne comme une prophétie réalisée. En effet, un certain 30 août, près de deux décennies plus tard, les militaires ont fait chuter le régime dictatorial et oppressif de la famille Bongo, un règne marqué par le sang et l’injustice. Cette date, ancrée dans la mémoire collective, marque désormais la libération du Gabon d’une ère de despotisme.
Le 30 août, le général Oligui Nguema, à la tête des forces de défense et de sécurité, fit tomber le régime dictatorial d’Ali Bongo.
Un an après cet événement historique, le Gabon est en pleine métamorphose. La transformation infrastructurelle est visible à travers le pays, tandis que le secteur social bénéficie d’un souffle nouveau. Des milliers de postes budgétaires sont libérés, offrant aux jeunes une chance de s’intégrer dans la fonction publique. Les retraités voient enfin leurs conditions s’améliorer, une première après des années de négligence. Et, dans un geste fort, certaines entreprises accaparées par la famille Bongo et ses alliés ont été nationalisées, restituant leurs richesses au peuple gabonais.
Mamboundou n’avait-il pas entrevu, avec une précision presque divine, cette ère nouvelle pour son pays ? Aujourd’hui, un Gabon en plein renouveau semble s’ériger en écho à ses paroles. Le paradis prophétisé est peut-être en marche, avec un Gabon qui renaît sous l’auspice de la justice et de la reconstruction.
Si cette révolution silencieuse se poursuit, qui sait jusqu’où l’univers du Seigneur qu’on appellera Gabon pourra s’élever ?
Source Jeune Afrique