Getting your Trinity Audio player ready...
|

Dans une lettre ouverte qui a fait grand bruit, Léandre Nzué, ancien maire de Libreville, brise le silence sur son parcours, son incarcération et son retour sur la scène publique. Une déclaration qui mêle justification, dénonciation et ambition politique.
Revenant sur son interview accordée à Médias 241 en juin 2020, Léandre Nzué clarifie des propos qui avaient suscité de vives réactions. Il y reconnaît avoir accédé à la mairie de Libreville grâce à Ali Bongo et admet que son action était politiquement orientée pour assurer la réélection de l’ancien président. Une révélation qui, loin d’être surprenante, confirme les pratiques de gouvernance où les postes électifs servaient d’outils de clientélisme au service du pouvoir en place.
Élu sous la bannière du Parti Démocratique Gabonais (PDG), Nzué rappelle qu’il a pris ses fonctions alors qu’Ali Bongo était affaibli par un AVC, une période où le pays sombrait sous l’emprise d’une oligarchie officieuse, la « Young Team ». Il affirme avoir refusé de se soumettre à leurs diktats, ce qui aurait précipité sa chute. Selon lui, son incarcération était une manœuvre pour placer à la mairie un homme à la solde de ce groupe influent. Il insiste sur le fait qu’en trois ans de détention, il n’a jamais été jugé, faute de preuves, ce qui renforce sa thèse d’un « fiasco politico-judiciaire » destiné à l’évincer.
Libéré après le coup d’État du 30 août 2023, Nzué salue le CTRI et son président, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour avoir « réparé une injustice ». Sa nomination à la tête du bureau exécutif de l’association Ossimane pour la province de l’Estuaire marque son retour sur le devant de la scène politique. Mais au-delà d’un simple retour, il affiche un soutien sans équivoque à Oligui Nguema et avait appelé à sa candidature aux prochaines élections.
Léandre Nzué ne se contente pas de rétablir sa vérité : il pose aussi les jalons d’un futur rôle politique. Son message, structuré et habilement dosé, sert autant à se laver de tout soupçon qu’à affirmer sa fidélité au pouvoir en place. En prenant part à l’effort de mobilisation autour d’Oligui Nguema, il tente de tourner la page de son passé controversé pour se repositionner dans la nouvelle dynamique du pays.
Reste à savoir si les Gabonais verront en lui un martyr du système déchu ou un acteur opportuniste naviguant au gré des vents du pouvoir.