Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) a marqué sa rentrée politique en grande pompe au Palais des Sports de Libreville le 12 octobre, devant ses militants et sympathisants. L’occasion a permis à son bureau politique de déclarer publiquement son alignement derrière les nouvelles autorités dirigées par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema et d’approuver la nouvelle Constitution. Cette posture suscite de vifs débats et opinions, notamment de la part de figures comme Jean Baptiste Obiang Obiang Obame, intellectuel gabonais résidant en France et président de l’association ABÈ YENGUIGNE YA FALA. Selon lui, cet alignement du PDG derrière les nouvelles autorités bloque le jeu démocratique au Gabon.
Jean Baptiste Obiang Obiang Obame dénonce avec virulence la continuité des pratiques politiques qui lient l’argent au pouvoir. Il affirme que cette relation, établie depuis l’ère du président Léon Mba, et perpétuée par les Bongo père et fils, reste d’actualité avec la transition dirigée par le président Oligui Nguema. Pour lui, la distribution d’argent lors des tournées politiques constitue une régression qui menace les chances d’une véritable transition démocratique.
Avant de développer les méthodes utilisées par le PDG pour confisquer le pouvoir et empêcher l’épanouissement du jeu démocratique au Gabon, il est important de rappeler ce qu’est la démocratie. Selon Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Cela signifie que ceux qui établissent les lois doivent être choisis par ceux qui les suivent. Étymologiquement, le terme vient du grec ancien « dêmos » (peuple) et « kratos » (pouvoir), signifiant ainsi un régime où tous les citoyens participent aux décisions politiques à travers le vote.
Il existe plusieurs formes de démocratie, mais au Gabon, c’est la démocratie représentative qui a été choisie, où la souveraineté appartient au peuple et s’exerce principalement par le vote. La démocratie implique une alternance au sommet de l’État, où le parti gagnant des élections prend le pouvoir, tandis que le perdant se constitue en opposition. Cependant, cette alternance démocratique a toujours été refusée par le PDG depuis sa création en 1968. Bien qu’il n’y ait pas eu d’élections en 2023, le coup d’État militaire ayant évincé le PDG du pouvoir marque un changement radical au sommet. Toutefois, les responsables du PDG continuent de manœuvrer pour maintenir leur influence, une stratégie bien ancrée dans leur histoire.
De 1968 à 2023, le PDG a utilisé trois grandes stratégies pour garder le pouvoir : le monopartisme absolu, le sophisme trompeur et le caméléonisme dupe. En 1968, après la mort de Léon Mba, le président Bongo Albert Bernard a instauré le monopartisme en abolissant le multipartisme et en faisant du PDG un parti-État. Les autres partis politiques furent interdits, leurs membres persécutés, et toute opposition anéantie. Ce monopartisme absolu étouffa toute tentative de jeu démocratique pendant des décennies.
En 1990, sous la pression des soulèvements populaires et du vent de liberté venu de l’Europe de l’Est, Bongo organisa une conférence nationale pour calmer les contestations. Toutefois, ce ne fut qu’un stratagème, un sophisme trompeur. Bien que le multipartisme fût rétabli, le PDG garda une emprise totale sur le processus électoral, en manipulant les scrutins à travers des fraudes massives. Les élections furent ainsi entachées d’irrégularités flagrantes, empêchant toute véritable alternance.
Avec le coup d’État du 30 août 2023, le PDG fut chassé du pouvoir par les militaires. Pourtant, au lieu de se transformer en parti d’opposition, le PDG et ses responsables se sont alignés derrière les nouvelles autorités, adoptant un comportement que Jean Baptiste Obiang Obiang Obame qualifie de « caméléonisme dupe ». Ce comportement consiste à changer d’apparence et d’opinion selon les circonstances, dans le seul but de préserver leurs intérêts. Cette stratégie, bien que grossière, vise à maintenir leur influence dans un contexte de transition politique.
Malgré leurs tentatives de se repositionner, la population gabonaise semble de plus en plus réfractaire aux manœuvres du PDG. La mémoire des abus passés reste vive, et les promesses de changement semblent insuffisantes pour regagner la confiance d’un peuple éprouvé par des décennies d’oppression et de manipulation.
Le PDG, fidèle à ses anciennes pratiques, semble déterminé à perpétuer son influence en se dissimulant derrière un masque d’adhésion aux nouvelles autorités. Mais comme le souligne Jean Baptiste Obiang Obiang Obame, les Gabonais ne sont plus dupes. Ils attendent un véritable changement, et non une simple continuité déguisée.