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Kelly Ondo Obiang bientôt libre : Oligui face aux conséquences de son choix

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Le Conseil des ministres a frappé fort : une ordonnance d’amnistie générale vient d’effacer d’un trait de plume les poursuites et condamnations liées aux crises politiques récentes, de la tentative de coup d’État de 2019 à celui d’août 2023. Derrière ce texte officiel, un nom fait battre le cœur de nombreux Gabonais : Kelly Ondo Obiang.
Celui qui, un matin de janvier 2019, s’était emparé de la radio nationale pour appeler à mettre fin au régime Bongo, dort depuis plus de cinq ans derrière les barreaux. Condamné à quinze ans de réclusion et à 31 millions de francs CFA d’amende, il est devenu bien plus qu’un détenu : un symbole de résistance, de courage et de patriotisme.

Si le coup de force de Kelly avait échoué, son geste, lui, avait marqué les esprits. Un jeune officier qui risquait tout, face à un pouvoir à bout de souffle. Mais en août 2023, quand Brice Clotaire Oligui Nguema et ses frères d’armes ont eux-mêmes renversé Ali Bongo, le peuple a cru que la première mesure de justice serait de libérer Kelly et ses compagnons.
Il n’en a rien été. Pire : les nouveaux maîtres du pays, qui avaient accompli exactement le même acte, l’ont laissé croupir en prison. Un choix perçu comme une trahison par une grande partie de l’opinion.
Maintenir Kelly enfermé après avoir, soi-même, pris le pouvoir par la force : pour beaucoup, c’était la preuve que l’uniforme pouvait cacher les mêmes calculs politiques que ceux du costume-cravate.

Et voilà qu’à l’approche des élections législatives et locales, alors que la tension sociale atteint son paroxysme prix qui flambent, chômage qui ronge, hôpitaux à bout de souffle , injustices sociales ,le pouvoir sort enfin la clé de la cellule.
Difficile de ne pas voir dans ce calendrier une opération politique : calmer les rues, et offrir aux médias et aux activistes alimentaires un récit de “réconciliation nationale”.
Mais la question demeure : s’agit-il d’un véritable rétablissement de droit, ou d’un geste cosmétique destiné à redorer un blason terni par des décisions impopulaires, des scandales embarrassants et des revers diplomatiques ?

Le pari est risqué. Car ceux qui, depuis 2019, réclamaient la libération de Kelly sont peu nombreux et savent parfaitement qu’elle ne tombe pas du ciel : elle a été arrachée par la pression de l’opinion et des faits.
Et beaucoup pourraient ne pas se laisser séduire par le récit officiel même si cette libération est accompagnée de reconnaissance officielle de son statut , de réhabilitation publique, et de réparation morale, ar un homme qui a payé de sa liberté pour un idéal a un poids politique que ni la propagande ni les ors du palais ne peuvent effacer.

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Cette libération révèle trois vérités crues sur le Gabon d’aujourd’hui :

  1. La justice reste un instrument du pouvoir. Kelly aurait dû être libre dès août 2023. Le droit a cédé devant la stratégie politique.
  2. Le régime cherche à regagner du terrain dans les cœurs. La mesure intervient quand la rue gronde et que l’image du chef de l’État s’effrite.
  3. La réconciliation nationale reste un slogan fragile. Libérer un homme, aussi emblématique soit-il, ne guérit pas des années d’injustices, d’inégalités et de mépris social.

Quoi qu’en dise la communication officielle, Kelly Ondo Obiang n’est pas un “ancien putschiste” qui se fait pardonner : c’est un homme qui a agi par conviction, qui a purgé six années de prison pour un acte que d’autres ont commis ensuite… et célébré.
En le libérant aujourd’hui, le pouvoir remet en liberté un symbole. Et les symboles, une fois lâchés dans la nature, échappent toujours à ceux qui croient les contrôler.

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