Général Mengome Atome : persécuté par le régime Bongo, ignoré par les réformateurs

Né en 1941, Simon Mengome Atome a gravé son nom dans l’histoire du Gabon par son parcours exceptionnel et son intégrité inébranlable. Après avoir brillamment réussi le concours d’entrée à la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr en France, il est devenu le deuxième Gabonais à intégrer cet établissement. Formé avec rigueur, il rentre au Gabon en 1965-66 pour servir son pays.

Le jeune saint-cyrien Mengome Atome

Rapidement, Mengome Atome se distingue dans l’armée, mais son ascension fulgurante est brusquement interrompue en 1969 lorsqu’il est nommé secrétaire d’État. Ce premier passage au gouvernement est de courte durée, tout comme son second en 1977. Malgré son potentiel et sa compétence, le général est ballotté d’une administration à l’autre, incapable de se fixer durablement dans le paysage politique gabonais.

Dans les années 1980, Mengome Atome se tourne vers l’entrepreneuriat avec un projet agricole ambitieux dans son village natal, soutenu par des financements étrangers. Rapidement, son entreprise prospère et devient l’une des plus puissantes du pays. Cependant, ce succès suscite des jalousies au sommet de l’État, notamment de la part du président Omar Bongo. Refusant de céder aux pressions pour intégrer Bongo dans le capital de son entreprise, Mengome Atome devient la cible du régime. La machine étatique se met en marche pour détruire son œuvre florissante, le laissant ruiné.

En 1990, Mengome Atome fait un retour sur la scène politique lors de la conférence nationale, se faisant élire député de l’opposition. Il continue de servir son pays avec dévouement, agissant comme conseiller militaire de Père Mba Abessolo, alors maire de Libreville. Toutefois, au début des années 2000, le général décide de se retirer de la vie politique, préférant se consacrer à des activités plus essentielles dans son village, loin des intrigues de la capitale.

Le régime Bongo n’aura pas eu raison de son esprit combatif. Malgré une dette colossale de plus de 500 millions de FCFA, conséquence des attaques systématiques contre son entreprise, Mengome Atome reste résolu. Il obtient une victoire en justice, le tribunal ordonnant à l’État de lui verser 45 millions FCFA. Mais même après la chute du régime Bongo, les nouvelles autorités, dirigées par son frère d’armes, le général Brice Clotaire Oligui, restent sourdes à ses demandes de justice.

En dehors de sa brève rencontre avec le président de transition, Brice Clotaire Oligui Nguema lors de sa tournée républicaine à Oyem, aucune autre audience ne lui a été accordée, et l’argent que l’État gabonais lui doit est demeuré dans les caisses de l’État.

À 83 ans, le général Simon Mengome Atome s’éteint, laissant derrière lui un héritage indélébile. Sa contribution à l’armée gabonaise, sa lutte pour un Gabon démocratique, et son rôle pionnier dans l’agriculture resteront gravés dans la mémoire collective. Pourtant, cette figure emblématique est ignorée par les nouvelles autorités. Ni déclaration officielle, ni hommage digne de son rang ne sont rendus par le chef de l’État ou les responsables militaires et politiques depuis l’annonce de son décès.

Évacué au Maroc par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), bien que son désir fût de se faire traiter en Turquie ou en Afrique du Sud, Mengome Atome sera soutenu par ses enfants. Christ Didier Mengome déploiera d’énormes moyens financiers pour être autant que possible au chevet de son père au Maroc. Décédé ruiné et méprisé par le régime dictatorial des Bongo, son dernier combat pour obtenir justice fut courageusement mené par son autre fils, l’activiste Bob Mengome, connu sous le matricule « 212 ». Depuis l’annonce de son décès, aucune autorité n’a pris la peine de reconnaître l’immense perte que représente sa disparition pour le Gabon.

Le général Simon Mengome Atome a été combattu par le régime Bongo et ignoré par les nouvelles autorités. Mais, le vrai Gabon se souviendra de lui, que cela plaise ou non à ceux qui l’ont abandonné.

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