La scène politique gabonaise est actuellement secouée par une tension au sein de la famille présidentielle. Jean Boniface Assele Dabany, président du Cercle des libéraux réformateurs (CLR) et oncle du président Ali Bongo, a récemment annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 26 août prochain. Son objectif est clair : pousser son neveu hors du pouvoir afin qu’il puisse recevoir les soins nécessaires et restaurer la dignité du peuple gabonais. Cette décision inattendue a suscité un émoi au sein du camp politique d’Ali Bongo, car le poids politique du CLR et de son président au sein de la majorité présidentielle n’est pas négligeable.
Le retournement de Jean Boniface Assele était prévisible:
Il convient de rappeler qu’en 2009, lors des élections présidentielles, les origines d’Ali Bongo avaient été légitimement remises en cause par l’opposition gabonaise. À cette époque, la famille Bongo et ses alliés s’étaient mobilisés pour défendre Ali Bongo, y compris le patriarche Assele. Toutefois, après le décès de son beau-frère Omar Bongo, Jean Boniface Assele s’est senti incompris et peu considéré au sein de cette famille. Sa frustration s’est amplifiée avec le temps, se manifestant par des déclarations publiques scandaleuses qu’il n’aurait jamais osé faire du vivant d’Omar Bongo. Ces déclarations, telles que « ma sœur Patience Dabany n’a jamais enfanté », « je suis allé chercher des enfants au Nigéria », ou encore « Ali est mort, ce n’est pas mon fils qu’on nous montre », ont accentué sa grogne. De plus, il accuse ouvertement son neveu d’incompétence et le rend responsable des souffrances infligées aux Gabonais par une bande d’étrangers qui se sont emparés du pouvoir et pillent les biens du pays en narguant la population.
Jean Boniface Assele :Un revirement similaire à celui de Jean-Pierre Ngoulakia:
Dans un contexte électoral difficile pour Ali Bongo, un événement surprenant s’est produit. Jean-Pierre Ngoulakia, frère d’Ali Bongo, qui avait quitté le Parti Démocratique Gabonais (PDG) en 2015 pour rejoindre l’opposition, a présenté ses excuses à son frère lors de la tournée présidentielle dans la province du Haut-Ogooué, d’où ils sont tous deux originaires. Il a également sollicité son retour au PDG, leur parti politique familial. Cette volte-face de Ngoulakia révèle la manière dont les querelles familiales peuvent fragiliser les intérêts politiques des barons du régime gabonais, dont la richesse et le pouvoir reposent souvent sur des relations familiales.
La tension qui règne au sein de la famille présidentielle gabonaise, avec la candidature de Jean Boniface Assele Dabany et le retour de Jean-Pierre Ngoulakia pour soutenir son frère Ali Bongo, est un reflet saisissant des luttes de pouvoir et des querelles familiales qui peuvent ébranler les fondements politiques d’un régime. Les enjeux politiques et les intérêts personnels s’entremêlent dans un jeu complexe où la loyauté familiale et les alliances politiques sont constamment remises en question. L’avenir politique du Gabon est désormais incertain, et l’élection présidentielle à venir sera un véritable test pour la stabilité du pays.