Gabon : Le piège du « NON » au référendum, une décision qui arrangera les militaires mais que vous regretterez

 

Voter « Non » au référendum, c’est refuser de valider le processus qui vise à mettre fin à la période de transition actuelle. Ce choix, bien que légitime pour ceux qui souhaitent exprimer un mécontentement, pourrait avoir des effets inverses à ceux escomptés. En effet, rejeter le référendum signifierait un retour à l’instabilité, avec la nécessité de revoir et de relancer tout le processus de transition. Cela impliquerait inévitablement une prolongation du contrôle militaire sur les affaires de l’État.

Un exemple frappant de ce phénomène peut être observé en Thaïlande. Après le coup d’État militaire de 2014, la junte militaire a organisé plusieurs référendums et consultations populaires pour prolonger son contrôle sur le pays. Le rejet de certaines propositions ou les tentatives de contester la feuille de route militaire ont souvent conduit à une prolongation de la transition et à une consolidation du pouvoir militaire, au lieu d’accélérer le retour à la démocratie. La situation a non seulement retardé le rétablissement d’un régime civil, mais a également exacerbé la méfiance et la division au sein de la société.

Rejeter le référendum pourrait également plonger le Gabon dans une nouvelle période d’incertitude. Le processus de transition, conçu pour rétablir un ordre démocratique, pourrait être ralenti, voire complètement compromis. Le pays resterait alors dans un état de flottement, avec un gouvernement militaire de transition qui n’aurait pas de mandat clair pour avancer vers la démocratie.

L’exemple du Myanmar est un autre cas pertinent. Après la fin de la junte militaire en 2011, le pays a entrepris une transition vers la démocratie. Cependant, l’instabilité politique et les résistances internes ont retardé ce processus, permettant aux militaires de conserver une influence disproportionnée sur les affaires civiles. Le refus de la population et de certaines factions de participer pleinement à la transition a permis aux militaires de maintenir une position dominante, prolongeant ainsi l’instabilité et retardant le véritable rétablissement d’une gouvernance démocratique.

Le principal objectif de la transition actuelle est de permettre au Gabon de revenir à un régime constitutionnel. Voter « Non » au référendum serait, en essence, une déclaration contre ce retour. Le régime constitutionnel est la pierre angulaire de toute démocratie, garantissant non seulement la séparation des pouvoirs, mais aussi le respect des droits humains et des libertés individuelles.

L’exemple de l’Égypte post-révolutionnaire illustre bien les dangers de prolonger une transition militaire. Après la chute du président Hosni Moubarak en 2011, l’armée a pris le pouvoir temporairement. Les retards et les conflits internes concernant la rédaction d’une nouvelle constitution ont permis aux militaires de rester au pouvoir plus longtemps que prévu, créant une situation de gouvernance par décret. Ce prolongement a non seulement retardé la transition démocratique, mais a également conduit à un retour à l’autoritarisme, avec l’armée consolidant son contrôle sur le pays.

Le choix que les Gabonais feront lors du référendum déterminera l’avenir du pays pour les années à venir. Voter « Non » peut sembler être un acte de défi, mais il est important de considérer les conséquences potentielles de ce choix. Maintenir le pays sous le contrôle des militaires, prolonger la transition, et retarder le retour à un régime constitutionnel ne sont pas des perspectives souhaitables pour le Gabon. Comme l’ont démontré les exemples de la Thaïlande, du Myanmar et de l’Égypte, le rejet d’une transition peut souvent renforcer le pouvoir militaire et prolonger l’instabilité politique. Pour garantir un avenir démocratique et stable, le vote « Oui » apparaît comme la meilleure voie pour sortir de cette période transitoire et construire un Gabon résolument tourné vers l’avenir.

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