Un incident pour le moins inquiétant s’est produit il y a quelques jours au poste de police de Moukoro, à la frontière entre le Gabon et le Congo, dans la province de la Ngounié. Deux policiers en charge de la sécurisation du poste frontalier en sont venus à un niveau de violence insensé, au point de frôler le drame.
Tout serait parti d’un différend concernant une rétribution hebdomadaire. Le chef de dispositif en poste à Moukoro aurait refusé de remettre à l’un de ses éléments sa part d’argent (le « gombo »), au motif que ce dernier n’aurait pas assuré sa présence pendant une semaine. Mécontent, le policier écarté aurait alors menacé de priver la brigade de sa bouteille de gaz et de son tendong (arme blanche en main).
Mais l’escalade a pris une tournure d’une extrême gravité : le chef de dispositif aurait saisi un fusil d’assaut de type FAMAS, une arme de guerre, qu’il aurait armé, prêt à tirer sur son propre collègue. La panique s’est rapidement emparée de la brigade. Pour éviter le pire, c’est le commandant de brigade de gendarmerie de Moukoro lui-même qui aurait exfiltré discrètement le policier menacé jusqu’à la brigade de Ndendé.
Les deux hommes seraient affectés respectivement au commissariat central de Mouila et à l’antenne de la police judiciaire de cette même ville. Mais au-delà du fait divers, cet incident soulève de sérieuses questions.
Quand des agents des forces de l’ordre, censés protéger les populations et veiller à la sécurité nationale, perdent le contrôle au point de brandir une arme de guerre contre un collègue, c’est toute la crédibilité et l’image de l’institution qui vacillent.
Il devient impératif pour les autorités compétentes de tirer les leçons de cet épisode. Formation psychologique, discipline rigoureuse, contrôle des affectations et gestion humaine des équipes doivent redevenir des priorités.
Parce qu’on ne peut tolérer qu’à la frontière d’un pays, ceux qui sont censés défendre la souveraineté nationale se transforment en menaces pour eux-mêmes. L’arme facile et la violence entre collègues ne peuvent devenir la norme dans nos forces de défense et de sécurité.
La République attend autre chose de ses hommes en uniforme.
