
Témoignage de Marcel Biko Moussavou, un des gréviste de la faim après l’intervention du ministre des Affaires sociales

‘’Notre action n’avait rien de politique, juré craché ! C’était un acte purement patriotique, motivé par notre foi inébranlable en l’homme providentiel qu’est le président Brice Clotaire Oligui Nguema. La foi soulève des montagnes… et fait des ventres creux. Nous avons donc choisi de nous affamer pour exprimer notre reconnaissance et notre soutien à sa vision pour le Gabon. Oui, vous avez bien lu : pas une doléance personnelle, pas un calcul caché, juste un pur et noble sacrifice.
Notre engagement a été total… peut-être un peu trop ! Au bout de six jours, un camarade a fini à l’hôpital, pendant que moi, en guerrier inflexible, j’ai tenu jusqu’au neuvième jour avant que mon corps ne décide que c’était une très mauvaise idée. Heureusement, le SAMU était là pour me ramener à la raison (et à la soupe). Grâce à un suivi médical attentif, j’ai pu réapprendre à avaler autre chose que des slogans.
Bien sûr, tout le monde n’était pas emballé par notre initiative. Entre les railleries sur les réseaux sociaux et les moqueries de nos chers compatriotes, nous avons dû supporter un déluge de critiques. Certains nous accusaient de jouer la comédie, d’autres de chercher une récompense… mais qu’importe, l’amour du président n’a pas de prix (ou presque). Heureusement, il y avait aussi des gestes de solidarité : des Gabonais bienveillants nous ont apporté de l’eau, des fruits et des conseils. Certains nous suggérant subtilement de manger.
Finalement, après plusieurs jours d’une bravoure digne d’un film de ninja , le ministre des Affaires sociales nous a rencontrés en personne. Solennellement, il nous a demandé d’arrêter notre grève, et face à tant d’attention, nous avons cédé. Mieux encore, nous avons été raccompagnés chez nous en véritables héros, escortés comme des dignitaires. Un triomphe non ?
Mais que les mauvaises langues se rassurent, notre engagement ne s’arrête pas là. D’autres actions sont en préparation pour continuer à défendre l’image du président et promouvoir sa politique. Une conférence de presse est d’ores et déjà prévue, où nous pourrons, entre deux collations, revenir sur cette grande épopée.
En conclusion, nous remercions le chef de l’État pour son oreille attentive, ainsi que le ministre des Affaires sociales pour son intervention salvatrice. Et à tous ceux qui nous ont soutenus, physiquement, spirituellement et… nutritionnellement, merci ! Quant aux sceptiques, nous les comprenons : dans notre pays, le patriotisme à jeun, ça ne court pas les rues. Mais après tout, il fallait bien qu’on nous remarque !’’
Marcel Biko Moussavou avec ses compagnons lors de leur gréve de la faim


