Il fut un temps où les colons rassemblaient les indigènes pour chanter les louanges des gouverneurs et des administrateurs. Ce temps semblait révolu. Et pourtant, sous la transition d’Oligui, nous assistons à une scène surréaliste digne d’une époque que l’on croyait enterrée : des pères et mères de famille, des enfants arrachés à leurs salles de classe, tous rassemblés pour chanter “Joyeux anniversaire” au président de la transition.
Cette mascarade porte la signature de Camélia Ntoutoume, la ministre de l’éducation nationale qui, dans sa soif de paraître et de montrer qu’elle est la première à magnifier l’image du chef de l’État, n’a pas hésité à faire transporter des élèves hors de leurs salles de classe. Son ambition ? Impressionner Oligui et prouver qu’elle sait mobiliser. Mais à quel prix ?
Une fois la chanson terminée et les caméras éteintes, ces enfants, qui n’étaient que des figurants d’une scène grotesque, ont été livrés à eux-mêmes. Beaucoup se sont retrouvés perdus, contraignant des parents inquiets à les rechercher désespérément. Que se serait-il passé si un accident était survenu ? Qui en aurait porté la responsabilité ?
Ce genre de mise en scène inutile et dangereuse ne fait que fragiliser l’image du président Oligui. Lui qui doit déjà relever d’énormes défis ne peut se permettre de laisser des courtisans zélés entacher son mandat. Car au final, qui en paie le prix ? Lui. Les parents qui, légitimement indignés, ne voient en cette manipulation qu’une mascarade orchestrée par Oligui lui-même, alors qu’il n’en est que le spectateur involontaire.
Camélia Ntoutoume n’en est pas à son coup d’essai. Sous Ali Bongo, elle excellait déjà dans l’art de la flagornerie. Mais nous ne sommes plus dans une république bananière où l’on force les foules à acclamer des dirigeants sous la contrainte. La transition touche à sa fin, et il est grand temps pour ceux qui veulent survivre politiquement de changer de paradigme.
Oligui n’a pas besoin de flatteries, encore moins de ces spectacles humiliants. Son seul véritable défi est d’inscrire son nom dans l’histoire par un bilan exemplaire. Or, ce n’est pas en tolérant des mises en scène ridicules qu’il gagnera le soutien sincère du peuple. Au contraire, ce genre de pratiques dessert son image et entame son capital électoral.
Il est temps de mettre fin à ces dérives et de se concentrer sur ce qui compte vraiment : la réforme, le progrès, et le respect du peuple gabonais.
