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Au royaume des héritiers, le Togo campe sur l’Ancien Testament politique.
Eyadéma a légué le trône à Faure ; vingt ans plus tard, le fiston s’auto-proclame “Président du Conseil des ministres”, histoire d’ajouter une ligne de plus à un CV déjà long comme un discours de fin d’année. Résultat : la rue togolaise s’enflamme, les pneus aussi, et le régime piétine le bouton « gaz lacrymo » comme si c’était la sonnette d’alarme d’un ascenseur bloqué.
Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres, la dynastie Bongo a mordu la poussière.
Ali, successeur d’Omar, a découvert le 30 août 2023 que l’héritage n’est pas un blindage : un coup d’État express l’a débarqué et placé au musée des régimes déchus. Depuis, son fantôme plane sur les avenues de Libreville : « Si Ali est tombé, pourquoi pas Faure ? » se chuchotent les manifestants entre deux bouffées de fumée de pneus.
Sauf qu’au Gabon, la page Bongo n’a pas laissé un vide, mais un bulldozer : Brice Clotaire Oligui Nguema.
L’ancien patron de la garde républicaine, propulsé président de transition, a troqué la dynastie contre une cure de modernisation turbo. Au menu : rachat d’Assala Energy, renaissance de la SNBG, lancement de Fly Gabon, remboursement accéléré de la dette et 10 000 embauches dans la fonction publique. Le tout emballé dans un discours où “relance économique” rime avec “justice sociale” – et où on promet même des taxis tout neufs pour la jeunesse.
Moralité ?
- Version togolaise : le pouvoir est un héritage, on le polit comme un vieux trophée familial, quitte à étouffer le peuple sous une cloche de gaz.
- Version gabonaise post-dynastie : le pouvoir se gagne, se risque, et se justifie chaque jour par des résultats faute de quoi, la place est déjà chaude pour le prochain.
Faure Gnassingbé ferait donc bien de consulter le manuel d’histoire immédiate : chapitre 1, “Comment Ali Bongo est passé du palais du Bord de mer à l’exil”, chapitre 2, “Comment Oligui veut transformer un putsch en plan Marshall”. Car un peuple qui a vu un héritier tomber n’oublie jamais la recette : un zeste de fatigue populaire, une pincée de militaires… et hop, les vieilles dynasties finissent à la poubelle.
En attendant, Lomé brûle, Libreville bâtit, et l’Afrique de l’Ouest regarde ce double écran :
Sur l’un, la série « Dynastie saison Eyadéma II », où le fils refuse de quitter le trône. Sur l’autre, le spin-off « Transition gabonaise-chantier express », où l’on tente de réparer en vitesse les dégâts d’un demi-siècle de règne Bongo.
À Faure de choisir son destin : marcher vers la réforme… ou finir dans les archives poussiéreuses des régimes rejetés.
À Faure de choisir le prochain épisode : la réforme… ou le générique de fin.
