Le silence des machines n’aura pas suffi à couvrir le bruit du drame.
Donald Kevin Levandji Mbougou, 39 ans, salarié d’une entreprise sous-traitante de la SUCAF-Gabon, a trouvé la mort samedi dernier dans des circonstances qui traduisent un profond manque de rigueur en matière de sécurité au travail.
Chargé de conduire une niveleuse en panne jusqu’à l’usine pour réparation, le jeune homme aurait été envoyé sans assistance technique ni accompagnement, malgré l’état critique de l’engin. Livré à lui-même, il aurait perdu le contrôle de la machine, qui s’est renversée dans un vacarme métallique.
Ce n’est que vers 14 heures, soit près de deux heures après l’accident, que des agents de passage ont découvert la scène, la machine immobilisée et son conducteur grièvement blessé. L’urgence a été immédiate : Donald Kevin a été évacué vers le centre médical de la localité, mais celui-ci, mal équipé et sans personnel spécialisé, n’a pas pu lui prodiguer les soins essentiels à sa survie.
Face à la détresse, ses collègues ont improvisé une évacuation vers le CHU Amissa Bongo (CHUAB) de Franceville. Là-bas, dans un élan de solidarité bouleversant, plusieurs agents de la SUCAF et de la sous-traitance se sont mobilisés pour donner du sang quatre poches au total dans l’espoir de stabiliser la victime.
Mais l’espoir s’est vite transformé en désarroi. Selon des sources internes, le manque de moyens financiers aurait retardé l’intervention chirurgicale urgente dont dépendait sa survie. Ce délai fatal a scellé le sort de Donald Kevin, décédé quelques heures plus tard, loin de tout secours efficace.

Ci-dessus, l’engin sous lequel est mort Donald Kevin Levandji Mbougou, 39 ans, salarié d’une entreprise sous-traitante de la SUCAF-Gabon
Ce décès tragique met crûment en lumière les carences graves du dispositif de sécurité et de santé au travail dans certaines structures industrielles. Comment une société comme la SUCAF-Gabon, pilier de l’agro-industrie nationale, peut-elle laisser un ouvrier manipuler un engin défectueux sans encadrement ? Comment expliquer qu’en 2025, un accident du travail puisse encore être aggravé par le manque de soins de première urgence et l’absence de moyens financiers pour sauver une vie humaine ?
Derrière cette mort se cache une chaîne de négligences, d’improvisations et d’indifférences qui interpellent.
La disparition de Donald Kevin Levandji Mbougou ne doit pas passer sous silence. Elle appelle à une enquête approfondie, à des responsabilités clairement établies, et à une réforme urgente des conditions de sécurité des travailleurs sur les sites de la SUCAF-Gabon et de ses sous-traitants.
Parce qu’au-delà du sucre qu’elle produit, c’est désormais l’amertume d’une vie brisée que retiennent ses collègues et sa famille.
Source : L’Union










