Hier, au Palais Rénovation, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a présenté une initiative visant à autonomiser les jeunes des quartiers sous-intégrés, les « États-Majors Généraux des Mapanes ». Cette mesure prévoit la mise à disposition de 400 moto-tricycles, censés faciliter leur insertion professionnelle. Si l’intention semble louable, l’exécution, elle, soulève de sérieuses interrogations.
Le Gabon n’a jamais été une nation familière des deux-roues ou des tricycles comme moyen de transport. Dans l’imaginaire collectif gabonais, ces engins sont perçus comme dangereux, synonymes d’accidents, voire de décès. Contrairement à l’Afrique de l’Ouest, où ils sont largement adoptés, ce type de véhicule n’est ni ancré dans nos habitudes, ni accepté par le public. Combien de Gabonais accepteront réellement de monter dans ces engins jugés peu sûrs ?
De plus, l’incivisme routier, l’usage de drogues et l’alcoolisme chez certains jeunes des quartiers défavorisés accentuent les risques liés à cette initiative. Ces tricycles risquent de devenir des outils de chaos sur les routes gabonaises.
Investir dans des tricycles est-il réellement la meilleure utilisation des ressources pour autonomiser la jeunesse ? Ces engins nécessitent un entretien coûteux, une formation préalable, et exposent leurs utilisateurs à des accidents graves. Par ailleurs, des pays comme la Côte d’Ivoire ont interdit les motos et tricycles dans leurs grandes artères à cause des nombreux accidents mortels. Pourquoi le Gabon s’aventure-t-il dans une voie que d’autres nations tentent d’abandonner ?
La cérémonie à la présidence
Avec les mêmes fonds, il aurait été possible de financer des projets beaucoup plus structurants et pérennes, tels que :
- La création d’ateliers de menuiserie dans les quartiers, équipés de machines modernes, pour permettre aux jeunes de fabriquer des meubles et des matériaux de construction.
- Le développement d’une industrie de briqueterie pour remplacer la main-d’œuvre étrangère dominante dans ce secteur.
- Le soutien à l’élevage ou à l’agriculture pour revitaliser ces secteurs essentiels à l’économie gabonaise.
Il est clair que cette initiative est le fruit de conseils douteux, probablement orchestrés par des vendeurs d’illusions qui profitent de la bonne volonté du Chef de l’État. Loin d’apporter une solution durable, ce projet risque de créer davantage de problèmes qu’il n’en résout. Des routes encombrées, une augmentation des accidents, et des tricycles abandonnés faute d’entretien : voilà le tableau que pourrait dessiner ce programme.
Plutôt que d’investir dans des solutions superficielles, le Gabon doit se concentrer sur des initiatives qui renforcent les compétences et offrent de réelles opportunités économiques aux jeunes. Le bois, la brique, l’élevage et d’autres secteurs sous-exploités peuvent générer des emplois stables et transformer notre économie. Il est temps de placer l’efficacité et la durabilité au cœur des décisions gouvernementales.