» Dépénalisation de la pratique homosexuelle : L’échappatoire ! »

Les gros titres de l’actualité gabonaise sont tournés vers le thème qui inquiète (soudainement) la nation, rendant même jaloux la dame Covid et ses compagnons de précarité : la dépénalisation de l’homosexualité.

De quoi parle-t-on ?

Beaucoup en parlent dans une totale confusion. La dépénalisation est le fait du législateur de retirer à un acte son caractère pénal en abolissant les sanctions qui y sont liées. En effet, elle n’est pas à confondre avec la légalisation. L’objectif ici est de dire (plus simplement) qu’à partir de maintenant on ne vous punira plus pour le même acte, même si en réalité on ne vous reconnait aucunement le droit de le poser. En gros on ne reconnait pas légalement le droit à l’homosexualité, mais si vous la pratiquez vous ne serrez plus poursuivi. Paradoxal lorsqu’on sait qu’en réalité cette dépénalisation brise une barrière et musèle peu à peu la morale de notre nation qui ne semble pas encore prête à l’accepter. Cette dépénalisation ouvre pour ainsi dire la porte à d’autres luttes auxquelles notre société devra faire face lorsque cette nouvelle communauté devant laquelle le législateur fait allégeance souhaitera se faire entendre et réclamer des droits.

Pourquoi maintenant ?

Il faut savoir qu’avant 2019, la loi gabonaise ne mentionnait nulle part la question de l’homosexualité. Elle n’existait simplement pas, ce qui est normal dans une société où la pratique n’était pas courante. Que s’est il donc passé ? Doit on considérer que la communauté LGBT est désormais bien plus nombreuses qu’on ne le pensait ? Quoi qu’il en soit, c’est en 2019 que le sénat, plus précisément au mois de juillet que le Sénat avait mis en place le dispositif pénal visant à punir les actes homosexuels par une sanction de 6 mois d’emprisonnement et une amende de 5 millions fcfa. Ainsi, l’homosexualité fait son entrée dans la loi gabonaise. Ce qui n’a été qu’une poudre aux yeux car moins d’un an plus tard, la question de sa dépénalisation fait l’actualité, alors que le pays fait face à des défaits sanitaires et économiques bien plus graves. Serait-ce une façon de détourner l’attention de l’opinion publique sur les échecs d’un gouvernement qui ne cesse de s’enfoncer ? La communauté LGBT du Gabon a-t-elle réellement du mal à trouver sa place dans notre société où, d’ailleurs, la plupart des citoyens sont bien plus préoccupés par leur précarité ? Aurait-on déjà oublié la circulation du virus du Sar-Cov 2, le besoin en denrées alimentaires, les sociétés qui ferment, la fonction publique aux abois, la cherté des denrées alimentaires, l’absence d’eau en pleine pandémie ? Que cache réellement ce passage en force super médiatisé de la dépénalisation de l’homosexualité dans notre pays ?

Restons concentrés.

L’honnêteté citoyenne nous fera reconnaitre que nous vivons au quotidien avec les homosexuels. La tolérance face à la communauté LGBT n’est pas un problème dans notre pays. En réalité, ces faits ne sont qu’un moyen pour certain d’ouvrir la porte aux droits homosexuels dans notre pays. Car si la nation les tolère, il faut reconnaître que de nombreux droits ne leurs sont pas encore accordés dans notre pays. Car il y a bien une différence entre le fait d’exister simplement et le fait d’imposer son existence et les droits qu’on estime avoir à la société. Bien que cette dépénalisation ait été justifiée par la nécessité du respect des droits humains, il reste que le débat ne se pose pas dans notre pays. La société Gabonaise n’a jamais été intéressée par le besoin de pénalisation de l’homosexualité. Car pourquoi s’intéresser à une chose inexistante dans la conscience collective ? Aujourd’hui la question fait scandale et fait oublier les problèmes plus importants. Mais il est nécessaire de rappeler aux citoyens de notre pays que la communauté LGBT n’est pas le problème, nous devons rester concentrés sur le besoin de croissance économique et structurelle de notre pays, sur les brimades subies au quotidien par la plupart d’entre nous. Sur la nécessité d’avoir des hôpitaux dignes de ce nom et une administration fonctionnelle. D’ailleurs l’homosexualité n’a toujours pas de droit légal dans ce pays, preuve que ce rétropédalage n’est que distraction car il ne change rien à la situation antérieure des LGBT dans notre pays.

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