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Depuis quelques jours, des images insoutenables circulent sur les réseaux sociaux : des familles entières errant au milieu de décombres, des enfants en pleurs, des mères affolées, des pères désemparés. Ce n’est ni une guerre, ni une catastrophe naturelle. C’est une opération de déguerpissement, menée dans le quartier Plaine Orety , sous le sceau d’un projet ambitieux de réaménagement urbain censé donner un nouveau visage à Libreville.
Sur le papier, l’intention est louable : doter la capitale d’une cité administrative moderne et d’un boulevard de désengorgement. Mais dans les faits, la brutalité de l’exécution, l’absence de communication sérieuse et l’opacité des décisions posent une question fondamentale : le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a-t-il été trahi par ses propres collaborateurs ?
Des centaines de familles se retrouvent aujourd’hui sans toit, sans recours immédiat, dans un dénuement absolu. L’argument avancé par les autorités pour justifier cette intervention est que les populations avaient été préalablement indemnisées et notifiées. Mais de nombreux témoignages contredisent cette version. Plusieurs habitants affirment ne jamais avoir été recensés, malgré des promesses non tenues par les agents envoyés sur le terrain. D’autres, locataires de maisons détruites, n’ont jamais été informés de la démolition imminente de leur lieu de vie. Ils n’étaient liés ni aux propriétaires, ni à l’administration, et se sont retrouvés à la rue sans avertissement.
Le plus choquant reste le timing de l’opération : à cinq jours seulement des examens scolaires majeurs (BEPC, Bac…), des dizaines d’élèves ont vu leur maison rasée, leurs cahiers et effets personnels réduits en poussière. Était-il réellement impossible d’attendre quelques semaines supplémentaires ? Où était l’urgence ?
Le nouveau Délégué spécial de la commune de Libreville, implacable et tout sourire, semble prendre plaisir à semer le chaos au milieu des pleurs et des supplications.





À ces incohérences s’ajoutent des suspicions plus graves encore : certaines sources évoquent la revente frauduleuse de terrains par des individus malintentionnés, au détriment d’acquéreurs de bonne foi. Et dans ce contexte de désordre, une question plus lourde encore émerge : que cherche-t-on à dissimuler au chef de l’État ?
Notre rédaction a d’ailleurs ouvert une enquête approfondie afin de déterminer la responsabilité de chaque directeur général impliqué dans les opérations d’urbanisme. Plusieurs sources concordantes affirment que certains d’entre eux seraient propriétaires de nombreuses parcelles, y compris de terrains arrachés de manière abusive à des compatriotes sans défense. Il est grand temps que le Président de la Transition soit pleinement édifié sur les actes de maltraitance que subit son peuple, souvent à l’insu de son autorité, par la faute de certains de ses propres collaborateurs. Nous disposons de noms et de faits précis liés à ces individus, et nous entendons les rendre publics le moment venu.
Ce drame humanitaire n’est pas isolé. Il s’ajoute à une série d’événements qui sapent la confiance du peuple envers les institutions : la perte non digérée de l’îlot Mbanié, les coupures d’eau et d’électricité à répétition, le silence autour de la libération controversée de Sylvia Bongo et de son fils exfiltré sans procès, pendant que d’autres comme Kelly Ondo languissent en prison.
Libreville, capitale politique du pays, ne peut devenir le théâtre d’une telle violence institutionnelle sans conséquences. Ce qui devait être une opération d’aménagement devient un symptôme criant de dysfonctionnements profonds. Une enquête parlementaire urgente s’impose pour établir les responsabilités, vérifier la traçabilité des indemnisations annoncées, et surtout, redonner au peuple le sentiment que l’entrée dans la 5eme république ne se fait pas contre lui, mais pour lui.