De poussin à prédateur : comment le général Oligui s’est offert les Bongo en amuse-gueule

Ah, l’Afrique ! Ce continent où les coups d’État se déroulent comme dans une comédie noire. Le Gabon n’a pas dérogé à la règle, offrant à son public un spectacle digne des plus grandes tragédies shakespeariennes, ou devrais-je dire, des meilleures séries télévisées nigérianes. Oui, un an après le grand coup de théâtre qui a renversé Ali Bongo et sa bande de voyous , la pièce continue, avec un casting toujours aussi surprenant et un scénario plus tordu que jamais.

Commençons par le héros de notre histoire, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, ou devrions-nous dire, l’enfant docile devenu maître des marionnettes. Ce brave garçon, qui semblait jusque-là aussi inoffensif qu’un poussin, a fini par déployer des griffes acérées. En toute discrétion, ce prétendu serviteur fidèle a manigancé dans l’ombre, tel un héros de telenovela, pour finir par renverser son propre patron. Eh oui, mesdames et messieurs, il a fallu une simple querelle d’ego pour que le général décide de renvoyer son maître à l’école primaire des dictateurs déchus. Noureddin Bongo, le fils du président, aurait bien mieux fait de rester calme et fermer sa grande gueule ce jour-là. Mais non, il a préféré jouer les petits tyrans en menaçant de renvoyer Oligui. Mauvaise idée ! Le général, vexé comme une tchiza qu’on aurait osé plaqué, a choisi de mettre fin à la bamboula des Bongo d’un revers de main.

Et que dire de la famille Bongo ? Cette dynastie qui pensait pouvoir s’incruster au pouvoir comme un chewing-gum sous une chaussure. Le clan, avec à sa tête le jeune Noureddin, croyait fermement qu’avec un peu de magie électorale et quelques nominations douteuses, ils allaient pouvoir rester au sommet pour l’éternité. Sauf qu’ils avaient sous-estimé l’appétit grandissant de ce général « loyal ». L’ironie du sort veut que ce dernier, qui participait aux réunions secrètes pour maintenir la dynastie, préparait en même temps la meilleure façon de les faire tomber. Imaginez un instant un chef d’État qui fait confiance à son ministre de la Défense pour garder la porte, mais qui se retrouve finalement enfermé dehors.

Ah, la tentation du pouvoir ! Le clan Bongo était prêt à tout pour conserver son trône. Jusqu’à offrir 10 milliards de francs CFA à Albert Ondo Ossa, le candidat de l’opposition, pour qu’il ferme les yeux sur la tricherie électorale. 10 milliards ! C’est plus que le budget annuel de certaines petites républiques africaines, mais bon, quand on a de l’argent à jeter par les fenêtres, pourquoi se priver, n’est-ce pas ? Malheureusement pour eux, même un billet aussi épais que la tour de Pise n’a pas suffi à endiguer la soif de pouvoir du général Oligui.

Finalement, la mise en scène du coup d’État a été orchestrée avec une précision qui ferait rougir même les plus grands metteurs en scène de Nollywood. Le suspense était à son comble : d’abord, on laisse diffuser l’annonce de la victoire d’Ali Bongo, puis, bang ! Le rideau tombe, et c’est Oligui Nguema qui fait son entrée en sauveur de la nation. Un coup de maître, digne des plus grands stratèges, ou peut-être simplement du plus grand manipulateur.

Aujourd’hui, Oligui est au sommet, mais combien de temps avant que lui aussi ne goûte à la trahison ? Après tout, dans cette grande pièce théâtrale africaine, les rôles changent aussi vite que les alliances. Reste à savoir qui sera le prochain à jouer ce petit jeu de chaises musicales à la gabonaise.

Alors, si vous pensiez que les dynasties africaines étaient à l’abri des coups d’éclat, détrompez-vous ! Le continent n’a pas fini de nous surprendre avec ses scénarios improbables, où les enfants dociles finissent par dévorer les grands fauves.

Source:  article publiées par Jeune Afrique le 25 août 2024 (Oligui Nguema et les Bongo : un an après, les derniers secrets du coup d’État)

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