De l’accusation de cannibalisme à la quête de liberté : l’incroyable parcours de Mba Nteme.

Pour de nombreux Gabonais, le nom de Théophile Mba Nteme évoque une sombre histoire d’accusations d’anthropophagie, faisant de lui un prétendu cannibale. Cependant, l’association SOS Prisonniers Gabon nous invite à regarder au-delà de cette image et à considérer la possibilité de rédemption pour un homme qui a passé 35 ans derrière les barreaux.

SOS Prisonniers Gabon :

Né en 1950, Théophile Mba Nteme, surnommé affectueusement « le vieux Mba » par les agents de la sécurité pénitentiaire, était un mécanicien de ligne et conducteur de tout engin sur rail. En plus de ses compétences professionnelles, il était un pratiquant de la médecine traditionnelle et était profondément attaché à sa culture.

En 1988, sa vie a pris un tournant tragique lorsqu’il a été arrêté et accusé d’anthropophagie dans son temple situé à Akournam, dans la commune d’Owendo. Théophile Mba Nteme a toujours clamé son innocence et démenti les accusations selon lesquelles il aurait mangé de la chair humaine. Il a accepté la responsabilité du décès d’un patient dans son temple, mais il nie catégoriquement les citations sensationnalistes attribuées à la presse.

Au centre Mba Ntem avec à sa gauche , son épouse .

L’affaire Mba Nteme a été le centre de débats et d’investigations, notamment dans une émission de télévision en 2022. Cependant, seul le témoignage de la famille de la victime présumée y a été présenté. SOS Prisonnier Gabon s’interroge sur le sort des autres familles de victimes de Mba Nteme et sur la nécessité d’une enquête plus approfondie.

Lors de son procès en 1989, Théophile Mba Nteme a été reconnu coupable de meurtre et condamné à la peine capitale, laquelle prévoyait l’exécution par fusillade à l’époque. Cependant, la peine de mort a été abolie au Gabon en 2010, grâce aux efforts des mouvements abolitionnistes et à la ratification du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. En conséquence, Mba Nteme a vu sa peine commuée en réclusion criminelle à perpétuité.

Selon la loi gabonaise, un condamné à la réclusion criminelle à perpétuité ne peut bénéficier d’une mesure de grâce, d’amnistie, de libération conditionnelle ou de réhabilitation avant d’avoir purgé au moins 30 ans de prison. Théophile Mba Nteme a déjà dépassé ce seuil, étant l’un des plus anciens prisonniers d’Afrique.

Au fil des années, Mba Nteme est devenu un fervent chrétien, mettant en place la première cellule de prière à la Prison Centrale en 1993. Malgré les circonstances, il n’a jamais fait l’objet de sanctions disciplinaires de l’administration pénitentiaire et entretient des relations cordiales avec les gardiens et les codétenus. En prison, il est devenu un artisan bijoutier, vendant ses créations à ses compagnons de détention et aux visiteurs. Il effectue également des corvées et participe activement à la propreté de l’établissement.

Âgé de plus de 70 ans aujourd’hui, Mba Nteme n’a qu’un rêve : retrouver sa liberté pour passer ses derniers jours aux côtés de sa famille, notamment ses petits-enfants qu’il n’a jamais eu l’occasion de rencontrer. SOS Prisonnier Gabon souligne que chaque vie humaine a une valeur inestimable et se demande si Mba Nteme n’a pas déjà payé sa dette à la société pour son prétendu « crime ».

En vertu de la loi gabonaise sur l’abolition de la peine de mort, il est possible d’envisager une grâce présidentielle ou une libération conditionnelle pour Mba Nteme. Cela soulève des questions sur la réhabilitation et la rédemption en milieu carcéral.

L’histoire de Théophile Mba Nteme est un rappel puissant de l’importance de respecter les droits humains en prison et de considérer la possibilité de rédemption, même pour ceux qui ont été condamnés pour les crimes les plus graves. Alors que l’association SOS Prisonnier Gabon continue à plaider en faveur de la dignité et des droits des prisonniers, l’histoire de Mba Nteme offre une opportunité de réflexion sur notre système pénitentiaire et la justice réparatrice.

Source : SOS Prisonniers Gabon.

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