Le coup d’État mené au Gabon par le général Brice Oligui Nguema a suscité une réaction inattendue de la part de la communauté internationale. Alors que la condamnation du renversement du pouvoir au Gabon n’a pas été unanime, il est important d’examiner les motivations qui ont poussé les militaires gabonais à poser cet acte. Les Gabonais aspiraient depuis longtemps à un changement du système despotique dirigé par les Bongo-PDG, au pouvoir depuis 60 ans. Le pays était devenu une sorte de prison à ciel ouvert, appauvri par l’exploitation abusive de ses ressources par un petit groupe d’individus. Les putschistes ont justifié leur action en affirmant qu’elle visait à « préserver le respect de l’État de droit, les bonnes relations avec nos voisins et l’ensemble des États du monde », se présentant ainsi comme des sauveurs aux yeux des Gabonais.
Cependant, une surprise de taille est venue du président de la transition au Tchad, Mahamat Deby Itno, qui a publiquement condamné le coup d’État au Gabon et demandé le retour d’Ali Bongo à ses fonctions. Cette réaction contraste avec la neutralité adoptée par la plupart des chefs d’État africains et internationaux face à la situation au Gabon. Cette prise de position soulève des questions importantes : Mahamat Deby Itno, fils du défunt Idris Deby Itno et considéré lui-même comme un dictateur redoutable, a-t-il la légitimité pour donner des leçons de démocratie aux militaires gabonais ? Peut-il prétendre au droit moral de critiquer le Gabon, alors que sa propre accession au pouvoir au Tchad a été marquée par la force et qu’il s’y maintient de manière contestée ? Peut-il vraiment juger la réaction des Gabonais, qui ont accueilli le coup d’État comme une bouffée d’air frais ?
L’affaire du coup d’État au Gabon souligne les contradictions et les complexités des relations politiques en Afrique et dans le monde. Alors que la communauté internationale adopte généralement une position de réserve face à de tels événements, la réaction de Mahamat Deby Itno, président de la transition au Tchad, a été une exception notable. Cependant, cette exception suscite des interrogations sur sa légitimité à critiquer le Gabon, étant donné les circonstances controversées de sa propre accession au pouvoir.
Dans cette situation délicate, il est essentiel que le Gabon cherche à rétablir la stabilité et la démocratie dans le respect de l’État de droit. La réaction de la communauté internationale et des dirigeants africains doit être guidée par la recherche de solutions pacifiques et la promotion des valeurs démocratiques, tout en évitant les doubles standards et les jugements hypocrites. Le peuple gabonais, quant à lui, espère que cette transition politique permettra de construire un avenir meilleur, après des décennies de règne autoritaire.
Par Rhonny Placide Obame.