Un vent de révolte souffle parmi les créateurs d’œuvres de l’esprit au Gabon. En ligne de mire : les nominations de Messieurs Emmanuel Jean Didier Biye et Axel Clyde Nze Doumingou aux postes de Président du Conseil d’Administration et de Directeur Administratif et Financier respectivement du Bureau Gabonais du Droit d’Auteur et des Droits Voisins (BUGADA). Ces désignations, annoncées le 20 juin 2024, suscitent une vive opposition, cristallisée par une pétition lancée par Chatrian MBELE.
Le BUGADA, depuis sa création en 2013, a pour mission la protection et la gestion des droits des auteurs d’œuvres littéraires, artistiques et scientifiques. Il s’agit d’un rôle crucial dans la préservation des droits d’auteur, un domaine qui relève avant tout du droit privé. Les créateurs de toutes sortes, qu’ils soient musiciens, écrivains, cinéastes, ou concepteurs de logiciels, confient au BUGADA la lourde tâche de gérer leurs droits de manière efficiente et intègre.
Les protestataires contestent les compétences des personnes nouvellement nommées, arguant qu’elles ne possèdent pas l’expertise nécessaire en matière de droit d’auteur et de droits voisins. L’inquiétude principale réside dans le risque de voir le BUGADA transformé en une entité au service d’intérêts particuliers, au détriment des créateurs. Cette crainte s’appuie sur des précédents malheureux, comme la disparition de l’Agence Nationale de Promotion Artistique et Culturelle (ANPAC), victime d’une gestion inadaptée.
La nomination de M. Axel Clyde Nze Doumingou au poste de Directeur Administratif et Financier (DAF) pose également problème. Selon les nouveaux textes organisant le BUGADA, ce poste n’existe plus, étant remplacé par deux directions distinctes : une pour l’administration et les ressources humaines, et une autre pour les finances, la comptabilité et le patrimoine. Cette discordance jette un doute sur la légitimité et l’origine de ces propositions de nominations, renforçant les soupçons des signataires quant à une possible manipulation externe.
Face à ces préoccupations, les créateurs appellent le Président de la Transition, également Président de la République et Chef de l’État, à annuler ces nominations. Ils soulignent l’importance de confier la gestion de leurs droits à des personnes qualifiées et impliquées dans la lutte historique pour la reconnaissance et la protection des droits d’auteur au Gabon.
La pétition, bien que lancée récemment, vise à rassembler un large soutien. En signant ce texte, les créateurs de toutes disciplines expriment leur refus de voir leurs droits et intérêts compromis par des nominations jugées inappropriées. Ils appellent à une gestion transparente, compétente et dévouée du BUGADA, essentielle pour la pérennité et la valorisation de leurs œuvres.
La bataille pour le contrôle du BUGADA est loin d’être anodine. Elle reflète des enjeux profonds liés à la reconnaissance et à la protection des droits d’auteur, piliers essentiels de la créativité et de l’innovation. Les créateurs gabonais, par cette pétition, réaffirment leur engagement pour une gestion intègre et professionnelle de leurs droits, condition sine qua non de leur épanouissement artistique et culturel.